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mercredi, 13 novembre 2019

Les USA se vengent de leur cuisant échec au Venezuela

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Les USA se vengent de leur cuisant échec au Venezuela

 
Ex: https://katehon.com

Après avoir lamentablement échoué au Venezuela, les États-Unis se défoulent en Bolivie : Dans la nuit de dimanche à lundi, le commandant en chef de l’armée bolivienne, le Général Williams Kaliman, a exigé du Président Evo Morales qu’il démissionne « pour le bien de la Bolivie », une Bolivie qui quelques jours plus tôt avait réélu Morales avec 47.07% des voix contre 36.51% allant à son adversaire centriste, soit 10 points d’écart.

 « Après avoir analysé la situation conflictuelle interne, nous demandons au président de renoncer à son mandat présidentiel afin de permettre la pacification et le maintien de la stabilité, pour le bien de notre Bolivie », a déclaré le général que cite ce matin et largement la presse mainstream. Dans un tweet le Président Morales que certaines sources affirment être en route pour demander l’asile en Argentine ou au Mexique dit : « La police avait l’intention de m’arrêter illégalement. Les groupes de pression se sont attaqués à mon domicile. C’est un coup d’État qui foule au pied la loi« . Ce matin, les fauteurs de trouble se trouvaient toujours dans les rues de La Paz et les sources bien informées évoquent des arrestations de masse des pro-Morales.

Qu’est ce qui s’est passé réellement ? Largement battu en brèche par les résultats des dernières législatives en Amérique Latine où les partis anti-impérialistes ont presque dans la quasi totalité des cas haut la main, les Etats-Unis d’Amérique largement déçus au Venezuela tentent d’inverser la tendance ; En fait le putsch qui a renversé Morales est une déclaration de guerre des États-Unis aux peuples latino-américains, estiment les observateurs. Dans la foulée, le Venezuela et Cuba ont condamné le coup de force contre le président bolivien. Cuba a appelé la communauté internationale à soutenir Morales en tant que président. Le président vénézuélien Nicolas Maduro a également condamné fermement les évolutions qui ont conduit à la démission de Morales en Bolivie. Quant à l’Argentine qui vient d’élire Alberto Fernandez à la tête de l’État, il qualifie le putsch d’inacceptable et appelle à la tenue dans les moindres délais d’élections libres.

Unis peuvent se targuer d’avoir réussi un coup qu’ils ont lamentablement raté au Venezuela. Morales a été réélu le 20 octobre avec 47% des voix contre 36,5% pour son rival centriste, Carlos Mesa, qu’on qualifie de Guaido de Bolivie. Cet écart de 10 points aurait dû suffire à apaiser les manipulations du camp atlantiste mais les temps ont changé, les États-Unis de Trump ayant affiché un total mépris des lois et du droit international. Pour le reste, le Président bolivien est un ennemi coriace : en 2016 il avait annoncé, qu’il allait expulser du pays la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI). La Bolivie avait interdit, dès 2006 déjà, la mainmise de groupes étrangers sur les ressources du sous-sol du pays. En 2008, elle expulsait du pays l’ambassadeur des États-Unis, devenu persona non grataet n’a cessé depuis de donner l’exemple qu’il est possible de s’extraire des griffes des stratèges internationaux de la finance. Il fallait que cela s’arrête.

En mai Evo Morales s’est rendu à Moscou à titre de premier dirigeant bolivien à s’être déplacé en Russie. Il a salué le « retour de la Russie en Amérique Latine » disant apprécier son rôle dans l’établissement d’un monde multipolaire. Les deux pays ont signé des accords de coopération militaire et sur la lutte contre le trafic de drogue, ainsi qu’une déclaration commune qui prévoit un renforcement de la coopération énergétique.

« La Russie contribuera à la construction de gazoducs et à l’exploration de gisements en Bolivie« , avait alors déclaré au président Morales, le Premier ministre russe, Medvedev qui affirmait aussi que Gazprom pourrait investir trois milliards de dollars dans l’exploration de nouveaux gisements d’hydrocarbures en Bolivie. Gazprom est présent en Bolivie qui possède les deuxièmes plus grandes réserves de gaz d’Amérique latine, derrière le Venezuela et tout renforcement de la présence russe aurait risqué de devenir incontrôlable. Mais ce n’est pas tout : La Bolivie de Morales menait aussi des discussions avec l’Iran, un autre pays alliés en juillet pour se procurer des drones iraniens. A la suite de la rencontre du 23 juillet entre de hautes délégations iranienne et bolivienne à La Paz, la Bolivie a affiché sa volonté d’acheter des drones iraniens.

Une chose est sûre : le camp atlantiste qui travaille en ce moment même à reproduire le scénario raté au Venezuela à la fois en Irak et au Liban, vient de marquer un point en Bolivie. Mais les dés sont loin d’être jetés, Morales ayant annoncé qu’il ne renoncerait pas à la lutte anti-impérialiste.

Source : Press Tv

 

La Roumanie, entre intégration mondialiste et partenariat multipolaire

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La Roumanie, entre intégration mondialiste et partenariat multipolaire

Ex: https://www.geopolitica.ru

La Roumanie est un ancien pays communiste qui fait partie depuis environ une quinzaine d’années de l’intégration euro-atlantiste. Afin de mieux décrypter la situation actuelle de ce pays, je voudrais d’abord comparer brièvement l’état présent des faits avec celui qui a précédé la prétendue « révolution », qui nous a amené libéralisation, privatisation, progressisme et a imprimé une orientation générale vers la mondialisation. En substance, je pense que l’on peut dire qu’au cours de ces 30 dernières années, nous sommes passés du stade de l’oppression communiste – mais au moins nous étions toujours propriétaires des ressources et de l’économie du pays – à un triste statut de colonie dans laquelle nous n’avons presque aucune souveraineté, ni industrie, ni propriété des ressources, ni culture nationale.

Entrons maintenant dans les détails. En ce qui concerne la situation économique de la Roumanie avant 1989, on nous dit aujourd’hui qu’il n’y a pas de données officielles parce que tout, dans le communisme, était mensonger, si bien que les données fournies par le gouvernement de Nicolae Ceaușescu étaient exagérées et politisées. Ces données visaient à dépeindre la « grandeur » du communisme et du « souverain bien-aimé », mais en réalité le système économique était défectueux et inefficace. Il est vrai que la propagande mégalomaniaque était absolument réelle, mais l’idée qu’il n’y a pas de données et que le système était dysfonctionnel semble relever d’une nouvelle forme de manipulation du peuple.

En effet, n’oublions pas que la Roumanie a été l’un des très rares pays dans le monde entier à avoir réussi, au printemps 1989, à rembourser intégralement sa dette envers le FMI (21 milliards de dollars). Ensuite, tous ceux qui ont vécu à cette époque savent, par exemple, que dans chaque ville, même dans les plus petites, il y avait au moins une grande entreprise, avec des centaines ou des milliers de salariés. Au total, il y avait dans le pays environ 1200 grandes usines et entreprises qui avaient une production massive dans de nombreux domaines : machines, grands et petits véhicules, industrie extractive, habillement, industrie alimentaire… et une grande partie de la production était destinée à l’exportation. Selon les déclarations publiées par les médias centraux d’un ancien secrétaire d’État et ensuite directeur de l’Institut d’économie de l’Académie roumaine, Constantin Ciutacu, la Roumanie était dans les années 1980 parmi les 10 premiers pays d’Europe comme puissance industrielle, avec la plus forte croissance économique.

Aujourd’hui, les sociétés transnationales sont parvenues à contrôler plus de 90% du capital utilisé dans l’économie du pays et, conformément à un récent rapport rendu public par un sénateur, plus de la moitié des sociétés multinationales qui exploitent nos ressources depuis 20 ans n’ont rien payé avec les redevances qu’elles sont censées payer, selon les contrats.

La Roumanie est aujourd’hui le deuxième pays le plus pauvre de l’Union européenne, avec le taux d’inflation annuel le plus élevé de l’UE.

En conséquence, au cours des dix dernières années, plus de quatre millions de citoyens de la population active ont émigré, issus des milieux les mieux formés et les plus instruits, ce qui représente plus de 20% de la population du pays. Cela nous place au 5e rang des populations émigrantes dans le monde, bien plus que dans les pays voisins.

Les relations Roumanie-Moldavie

Nous voyons donc quels sont les soi-disant « avantages » de notre intégration dans les structures euro-atlantistes. Aussi, peu importe à quel point le nouvel ordre politique a critiqué le régime communiste (dont je ne suis pas partisan), il semble que la situation actuelle soit bien pire. Dans ce contexte, je tiens à souligner l’orientation des négociations en cours, en vue de parvenir à une approche « européenne » entre la Roumanie et la République de Moldavie. Je considère que ces deux pays sont frères, du même genre, nous avons le même sang (à l’origine) et nous parlons la même langue, et nous sommes essentiellement unis au niveau de l’âme et de la conscience. Seuls les vicissitudes et les intérêts historiques des grandes puissances ont dessiné en 1940 une ligne de démarcation artificielle entre nous. Mais aujourd’hui, étant donné que la Roumanie est déjà occupée par l’empire mondialiste, il est tout à fait logique que l’alliance euro-atlantiste soutienne ce rapprochement entre nous comme un moyen de pénétrer plus profondément vers la Russie, qui est sa véritable cible.

Ce que la Russie représente aujourd’hui

La Russie dérange l’empire mondialiste en s’opposant efficacement à ses plans. Avec la Chine, la Fédération de Russie constitue un pôle de pouvoir fort différent de l’ordre unipolaire hégémonique que veulent les États-Unis et ceux qui gouvernent réellement l’Amérique. Et les mondialistes n’essaient même pas de cacher que c’est exactement ce qu’ils veulent. La Russie est actuellement le principal pôle du christianisme dans le monde, le pôle des conservateurs des traditions morales et spirituelles chrétiennes qui ont jadis constitué la base de toute la culture européenne. Pourtant, ces valeurs chrétiennes ont été presque complètement déracinées en Occident par l’assaut de normes dites « progressistes » et « politiquement correctes ».

D’un point de vue militaire, il est important de noter que la Fédération de Russie a bloqué l’expansion impérialiste américaine qui a commencé après 2001. Le renversement du régime en Syrie, stoppé en 2017-2018, prenait la même voie que les changements de régime antérieurs, imposés en Irak, en Libye et dans d’autres pays du Moyen-Orient qui figuraient depuis longtemps sur la liste des pays à contrôler que les États-Unis avaient établie. Dans tous ces pays, l’OTAN, sous la direction des États-Unis, a attaqué sous prétexte « d’interventions humanitaires » et n’a apporté que des catastrophes à tous les niveaux, comme prix de la domination américaine. L’intervention décisive de la Russie, soutenue par la Chine, a également permis de bloquer le coup d’État vénézuélien au début de cette année. Le coup d’État poursuivait l’imposition totalement illégale d’un soi-disant nouveau « président », en fait une marionnette de la CIA. La Fédération de Russie continue d’être un facteur fondamental pour le maintien de la paix au Moyen-Orient, et je fais spécifiquement référence au fait que la coalition atlantiste dirigée par les États-Unis vise avec insistance à attaquer l’Iran.

La position délicate des pays de la zone tampon entre la Russie et la zone euro-atlantique

Compte tenu de ce contexte international tendu, il me semble nécessaire de souligner que la Roumanie et la Moldavie, comme tous les pays de la ceinture qui relient la mer Noire à la mer Baltique, devraient choisir soigneusement avec qui elles s’allient. La décision est d’autant plus importante que les théories géopolitiques soulignent que ces États sont essentiels pour le contrôle de l’Eurasie, la principale terre continentale du monde (Heartland). Les pays respectifs occupent une position clé dans cette zone de confrontation entre les deux grandes alliances (atlantiste et continentale) et c’est pourquoi il est difficile de croire que les pays de cette zone puissent s’engager avec succès sur une voie de neutralité et d’indépendance.

Une autre chose importante à souligner est qu’à mon avis, la Russie d’aujourd’hui n’est plus l’URSS d’hier. En ce sens, il est révélateur d’examiner les faits et non la propagande. Ceux qui cherchent à discréditer la Russie cherchent aujourd’hui à superposer son comportement aux anciennes pratiques de l’URSS, mais la différence est évidente pour tout analyste objectif d’un point de vue militaire, politique, idéologique ou économique. Dans le même temps, les États-Unis, qui dirigent l’alliance euro-atlantiste, sont présentés par leurs partisans comme un garant de la démocratie et de la liberté dans le monde. Pour clarifier les choses, il suffit d’examiner les actions de la Fédération de Russie, des États-Unis et de l’OTAN au cours des 20 dernières années. L’alliance OTAN/États-Unis a attaqué un nombre croissant de pays, même après la guerre froide, qui a fait des centaines de milliers de morts et provoqué le chaos dans ces régions.

Comment fonctionne le mondialisme

Sur la base des observations faites au fil du temps, on peut décrire brièvement comment le mondialisme agit pour s’emparer du pouvoir et dominer les pays du monde. En ce qui concerne la ligne économique, la création du système pétrodollar favorise progressivement le dollar américain comme monnaie de réserve mondiale. Le système des banques nationales est centralisé, sous le contrôle d’un cartel transnational occidental. Les États sont encouragés à emprunter et à devenir débiteurs, mais les dettes augmentent ensuite de façon exponentielle. L’augmentation de la dette s’accompagne d’une perte de souveraineté et de ressources naturelles. Les États qui ont tendance à sortir du système sont soumis à des sanctions économiques qui les affectent très durement, précisément parce que les leviers fondamentaux du système sont contrôlés par l’élite mondialiste. Récemment, il n’y a pas eu beaucoup d’alternative. Mais la situation a changé depuis que de plus en plus d’États ont commencé à comprendre que la seule façon de sortir de la domination du monopole mondialiste est l’alliance avec d’autres États afin d’atteindre un ordre multiple. À cet égard, on peut noter qu’un processus ferme de « dédollarisation » a déjà commencé.

Au niveau militaire et paramilitaire, nous avons vu comment fonctionne l’empire mondialiste dans le cas des soi-disant « États voyous » : en soutenant, finançant et même en organisant des « protestations de l’opposition », déclenchant plus ou moins des « révolutions de couleur », qui aboutissent à des changements de régime. Et si ces méthodes ne suffisent pas, la nécessité d’une « intervention humanitaire » est invoquée et l’action américaine dirigée par l’OTAN entre en jeu.

Sur le plan social et idéologique, les structures de soutien de la société, des hiérarchies et des classes sociales ont été affaiblies : la classe des intellectuels libres et du clergé, puis la classe des petits commerçants indépendants et en général toute la classe moyenne. La mondialisation divise la société en une « élite » de très rares super-riches qui ont le pouvoir, et de l’autre côté, une grande masse de personnes tenues dans l’ignorance, la pauvreté et manipulées pour voter comme le suggèrent habilement les médias, qui sont presque entièrement détenus par l’Élite. La démocratie est devenue un instrument de nivellement et de déstructuration (atomisation) de la société sous l’angle de l’égalité et des droits de l’homme. Un exemple : dans les pays émancipés, on ne permet plus de manifester en public les éléments religieux chrétiens pour ne pas offenser les autres, plus exactement les immigrés, et c’est pourquoi la religion chrétienne doit – de l’avis des législateurs mondialistes – être isolée, marginalisée, pratiquée uniquement en privé. Les progressistes veulent aussi que la famille traditionnelle ne soit plus un modèle fondamental, ils soutiennent que les mariages LGBT peuvent être tout aussi bons. Ou que les droits de l’individu sont plus importants que les droits de la communauté. Et que l’idée même de l’existence de « nations » serait dépassée.

En ce qui concerne le concept de nation, je rappelle que, par exemple, le philosophe allemand Hegel voyait la « nation » comme l’expression d’un ordre divin manifesté sur Terre : « [L’unité de la volonté universelle et subjective se trouve, d’un point de vue archétypal] dans l’État, dans ses lois, dans ses arrangements universels et rationnels ». Dans le même ordre d’idées, l’un des plus grands historiens et hommes politiques roumains, Nicolae Iorga, a déclaré que ce qui définit une nation est une communion de conscience et d’âme entre les membres de cette nation : « Nous ne sommes pas ensemble parce qu’il y a pour tous le même régime douanier, la même administration, les mêmes circonstances quotidiennes, mais parce que la même âme nous anime tous ».

Pourtant, nous voyons que le progressisme et la « pensée politique correcte » de la société euro-atlantiste contemporaine tendent à uniformiser et à désagréger ces ressorts profonds de la conscience et de l’âme nationale. Il en résulte un conglomérat plat et amorphe, qui a perdu sa dimension verticale : l’enracinement dans les traditions et l’aspiration collective selon un modèle transcendant.

Se connecter à la Source (Dieu) est la meilleure voie

Une dernière idée que je tiens à souligner est qu’une véritable alternative au système mondialiste ne peut fonctionner que si une mutation se produit au niveau de la population générale. Quelles que soient les bonnes idées que nous avons, si elles ne sont pas assimilées puis soutenues par la population, le système reste vulnérable aux coups d’État, à la corruption et à la manipulation. Et la mutation la plus importante est la reconnaissance de la dimension verticale dont je parlais tout à l’heure. Et surtout la reconnexion à la Source Divine. Dieu est l’allié invincible. C’est justement pourquoi certains essaient de faire en sorte que l’on ne s’en rende pas compte, ou qu’on l’oublie.

Source - FLUX

L'Otan en état de mort cérébrale. Faudrait-il le regretter?

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L'Otan en état de mort cérébrale. Faudrait-il le regretter?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

On parle beaucoup depuis quelques jours de l'entretien du 7 novembre d'Emmanuel Macron avec The Economist, où le Président français indique indiquant que l'Otan est devenue Brain Dead, autrement dit a perdu toute raison d'être.

Selon lui, l'Europe se trouve au bord du précipice. Elle a besoin de se considérer stratégiquement comme un pouvoir géopolitique, sinon elle perdra tout contrôle de son destin. Mais pour lui cela tient désormais à la volonté de l'Amérique, et de Donald Trump en particulier, de cesser de s'impliquer dans le financement de l'Otan.

Or Emmanuel Macron ne veut pas reconnaître pas que l'Otan, sous la direction américaine, vise à préparer une guerre avec la Russie puis désormais, comme nous l'avons précédemment montré, avec la Chine. Il ne veut pas voir que Donald Trump ne remet pas cet objectif mortifère en cause, même si de telles guerres, devenant vite nucléaires, signifierait la fin non seulement des Européens, mais des Américains eux-mêmes. Il refuse d'admettre que Donald Trump veut seulement que les Européens consacrent des sommes plus importantes au financement de l'Otan, prenant ainsi le relais du Pentagone.

Tout laisse penser qu'Emmanuel Macron voudrait que la France, avec l'aide financière de l'encore riche Allemagne, incite l'Europe à se doter d'une force de défense proprement européenne. Celle-ci prendrait le relais de l'Otan pour défendre l'Europe d'une agression militaire russo-chinoise. Or rien ne permet de croire que Moscou ou Pékin puisse raisonnablement envisager une telle agression où ils auraient beaucoup de choses à perdre sans aucun résultat.

Si Emmanuel Macron voulait que la France, conjointement avec l'Allemagne, se donne des objectifs à la hauteur des enjeux du monde de demain, elle devrait affecter plus de moyens financiers, non à se défendre contre la Russie ou la Chine, mais à prendre des positions substantielles dans le domaine des politiques spatiales, y compris en vue de la mise en place d'une station permanente sur la Lune. L'Europe est en train, malgré les efforts du CNES français (Centre national d'études spatiales), d'y prendre des retards qui risquent de n'être jamais récupérables.

Voir The Economist https://www.economist.com/europe/2019/11/07/emmanuel-macr...

lundi, 11 novembre 2019

L'Eurasie remplacera bientôt les Etats-Unis dans le statut de super-super puissance mondiale

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L'Eurasie remplacera bientôt les Etats-Unis dans le statut de super-super puissance mondiale

par Jean-Paul Baquiasr

Ex: http://www.europesolidaire.eu

L'Union Européenne, bien que regroupant des Etats dont le poids économique n'est pas négligeable, ne deviendra jamais une super-puissance mondiale. Il faudra que pour cela elle s'affranchisse de la domination politique, économique et culturelle que les Etats-Unis continuent à exercer sur elle depuis l'origine.

Il ne faut jamais oublier que Washington a présidé à sa mise en place des les années 1960 pour en faire une plate-forme leur permettant de préparer une guerre contre la Russie, guerre proprement dite mais aussi diplomatique. Cet objectif demeure toujours d'actualité, l'Otan étant une autre version de l'Europe au plan militaire.

Depuis plusieurs années désormais se sont constitués des unions d'Etats auxquelles l'Union européenne, sur les injonctions répétées des Etats-Unis, refuse toujours de s'associer. Il s'agit essentiellement d'unions économiques, dans lesquelles la Chine joue un rôle essentiel. Mais Washington les considère aussi, non sans raisons d'ailleurs, comme visant à concurrencer la domination américaine. La Chine, en passe de devenir la première puissance économique mondiale, cherche à y étendre son influence. Mais pour beaucoup des Etats moins importants participant à ces unions, il s'agir surtout de regrouper des forces leur permettant de faire face à la domination américaine. Même si la situation économique aux Etats-Unis semble entrée en récession, ceux-ci ont moins que jamais renoncé à étendre leur domination sur le reste du monde.

On pourra d'abord mentionner l'Union Economique Eurasiatique comprenant (nous ne traduisons pas) les Etats suivants : Armenia, Belarus, Kazakhstan, Kyrgyz Republic, Russia Tajikistan et bientôt Moldova. L'objectif en est surtout d'encourager le libre-échange et la coopération économique entre les membres.

Viennent ensuite :

- La très importante Shanghai Cooperative Organization, SCO. (Russia, Kazakhstan, Kyrgyzstan, Tajikistan, Uzbekistan, India, China et Pakistan; avec en observateurs Afghanistan, Iran, Mongolia, Belarus et partenaires de dialogue Armenia, Azerbaijan, Cambodia, Nepal, Sri Lanka et Turquie. Elle compte 4 puissances nucléaires et se donne pour but de renforcer la sécurité et la cas échéant la coopération militaire entre ses membres. Ceux-ci ont signé un accord dit Déclaration de Bishkek visant à faire de l'Asie Centrale une zone excluant l'emploi d'armes nucléaires entre les signataires. Par ailleurs la SCO encourage le renforcement des liaisons ferroviaires et aériennes en son sein.

- L'ASEAN ou Association of Southeast Asia qui date de 1967, (Brunei Darussalam, Cambodia, Indonesia, Laos, Malaysia, Myanmar, Philippines, Singapore, Thailand et Vietnam). Initialement très tournée vers les Etats-Unis, elle le reste, mais négocie aussi aujourd'hui des accords présentés comme stratégiques avec Pékin et Moscou.

Le Regional Comprehensive Economic Partnership (Brunei, Cambodia, Indonesia, Laos, Malaysia, Myanmar, the Philippines, Singapore, Thailand, Vietnam, China, Japan, South Korea, Australia et New Zealand, avec sans doute prochainement l'Inde. Il encourage en priorité les investisseurs étrangers et permet à ceux-ci d'attaquer les gouvernements qui les refuseraient au profit d'investissements publics exclusifs.

- La Belt and Road Initiative. Prévue pour être inaugurée en juin 2021, elle rassemblera 4 milliards de personnes au sein de 130 pays en Eurasie, Afrique, Amérique Latine et Pacifique Sud. Elle veillera à la coordination des politiques économiques, la connectivité des infrastructures, les échanges entre personnes. Elle construit déjà des centrales électriques au Pakistan, des lignes ferroviaires en Hongrie et de nombreux ports maritimes de l'Afrique à la Grèce. L'Iran, stigmatisée par les Etats-Unis, en fait partie.

On comprendrait mal que les principaux pays européens, notamment l'Allemagne, la France et l'Italie, persistent à ignorer tout ceci

Pour en savoir plus

https://russia-insider.com/en/politics/how-russia-and-china-are-building-eurasia-geopolitical-powerhouse/ri27839

dimanche, 10 novembre 2019

Blue Dot, réplique américaine à la BRI chinoise

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Blue Dot, réplique américaine à la BRI chinoise

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La BRI ou Belt and Road Initiative est un grand programme d'origine chinoise, lancé il y a 6 ans, visant à connecter par des techniques modernes tous les Etats le souhaitant dans la région asiatique, au Moyen Orient et bientôt en Europe.

C'est devenu la hantise des Etats-Unis qui y voient la volonté de Pékin d'imposer son influence économique et politique dans cette partie du monde, en éliminant de ce fait l'influence américaine.

Nous avons souvent ici présenté la BRI. Voir notamment un article concernant la participation de l'Italie. Il est inutile d'y revenir. Il était évident que Washington était obligé de répliquer. Ceci vient d'être fait avec le lancement du Blue Dot Network. Celui-ci est présenté, officiellement, comme destiné à promouvoir des infrastructures de développement dans la région indo-pacifique et au-delà. Celles-ci devraient être « sustainables » c'est à dire aussi peu coûteuses et aussi peu agressives à l'égard de l'environnement que possible.

Il s'agit d'un projet commun réunissant la US Overseas Private Investment Corporation dont le nom indique bien les objectifs, le ministère australien des Affaires Etrangères et du Commerce, ainsi que la Banque Japonaise pour la Coopération internationale.

XI Jinping vient d'annoncer à Shanghai, lors de la China International Import Expo que la Chine avait à ce jour signé 197 accords concernant la coopération pour le développement de la Bri, avec 137 pays et 30 organisations internationales. Même si ces chiffres paraissent un peu exagérés, ils sont pas comparables avec l'intérêt que pourra rencontrer Blue Dot, où beaucoup voient une tentative de Wall Street pour conserver son emprise dans la région.

L'Inde, en ce qui la concerne, dont le rôle sera essentiel, semble partagée par le désir de participer à la BRI et d'être présente dans Blue Dot, tout au moins si celle-ci tient ses promesses. Beaucoup d'entreprises indiennes conservent de nombreux liens commerciaux avec les Etats-Unis et voudraient manifestement jouer sur les deux tableaux.

Pour le moment, Blue Dot a plutôt suscité de la méfiance en Asie. Ceci tient au fait que derrière des investissements privés, il est facile d'y voir un processus permettant, non seulement au grand capital américain, mais au Pentagone, de reprendre un peu de poids dans une partie du monde où l'influence de la Chine est devenue considérable.


 

vendredi, 08 novembre 2019

Arnaud Develay: Les Conséquences de la Faillite Impériale sur l’Ordre Juridique International (+ VIDEO)

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Arnaud Develay: Les Conséquences de la Faillite Impériale sur l’Ordre Juridique International (+ VIDEO)

 

Chisinau Forum III 

Arnaud Develay est avocat international, auprès des barreaux de Washington et de Paris

Bonjour à toutes et à tous et merci de vous être déplacé(es) si nombreux(ses) afin de venir à CHISINAU pour prendre le temps d’échanger avec nous.

Je tiens particulièrement à remercier mon ami et camarade IURIE ROSCA pour son accueil toujours des plus chaleureux.

Le Forum de CHISINAU a vocation à rassembler ceux d’entre-nous qui sommes soucieux d’entretenir la flamme de la souveraineté dans nos pays respectifs.

18 ans après les attentats du 11 septembre 2001, le léviathan mondialiste est plus que jamais déterminé à accélérer le processus visant à démanteler l’ordre international hérité de la Seconde Guerre mondiale.

Réalisant que l’opération d’hypnose déployée auprès des populations sidérées au travers de ses media de masse semble échouer de par ses contradictions internes, les tenants du mondialisme à marche forcée ont lancé un assaut sans précédant sur les règles de droit international qui malgré ses déficiences garantissaient une certaine stabilité, laquelle s’en est trouvée particulièrement amoindrie dès lors que la fenêtre d’opportunité a commencé à se refermer sur le moment unipolaire une décennie à peine après la Chute du Mur de Berlin.

En bref, ce qui selon Fukuyama devait être la fin de l’Histoire et le triomphe du libéralisme a laissé place à une spoliation visant à paupériser des millions d’individus qui constituaient ce que nous avons coutume d’appeler les classes moyennes.

Cette entreprise de destruction systématique n’a cependant pu être rendue possible qu’au travers d’un démantèlement systématique de l’architecture juridique et donc politique qui constituait la pierre de voute de la souveraineté des nations.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

En réponse à la question tendant à lui demander ce qu’il considérait comme la pire catastrophe du XXème Siècle, l’actuel Président de la Fédération de Russie avait répondu sans hésiter : « L’effondrement de l’Union Soviétique. »

Le Président POUTINE avait compris que seul l’existence d’un rapport de force équilibré entre les grandes puissances rend possible le respect des règles de droit international.

Dans ce contexte de tensions servant de garde-fou, il devint possible de donner tout son sens au principes élémentaires du droit international public encapsulés par les deux piliers  que représentent les doctrines dites de PACTA SUNT SERVANDA et OPINIO JURIS.

La doctrine de PACTA SUNT SERVANDA met l’accent sur le respect de la parole donnée afin que l’accord, qu’il soit bilatéral ou multilatéral, soit respecté en chacune de ses provisions mais aussi dans son esprit par toutes les parties contractantes.

La Convention de Vienne sur les Relations diplomatiques et consulaires entre Etats-Nations est un parfait exemple de l’application de cette doctrine.

Il ne viendrait pas à l’idée d’un Etat partie à la Convention de violer par exemple les dispositions portant sur l’immunité diplomatique accordée au personnel consulaire nonobstant le caractère sérieux d’un délit portant sur des faits sérieux commis par ladite personne. Une telle démarche exposerait ledit Etat à ce que ses propres employés soient eux-mêmes assujettis à la violation de leur immunité l’étranger.

Le principe de réciprocité est donc central dans le respect des obligations découlant de tout accord entre les Parties contractantes et agit de facto comme le régulateur de l’effectivité des accords internationaux.

Parce que ces règles implicites de réciprocité sont passé dans le domaine des usages, il n’est pas nécessaire de les inscrire au titre du droit positif.

Le deuxième pilier est constitué par la doctrine dite d’OPINIO JURIS.

Le droit international coutumier est constitué de deux éléments : 1) la pratique internationale régulière et générale des États; et, 2) l’acceptation subjective de la coutume comme source de droit par la communauté internationale.

Pour qu’un traité multilatéral puisse avoir force de droit, il convient que toutes les Parties-Contractantes, mais aussi celles n’ayant pas nécessairement adhéré au traité, s’accordent sur l’interprétation qui doit prévaloir dans le traitement de la thématique du texte eut égard aux droit coutumier existant.

Cette doctrine revêt un caractère d’autant plus important qu’il existe des cas ou le droit international positif des traités ne prévoit rien et/ou dans lesquels il n’existe pas de décisions sur le sujet.

Cet état de vide juridique dit « NON LIQUET » a souvent servi de matrice à des pratiques étatiques qui dans leur applications se sont inscrits en porte-à-faux avec des principes connexes pourtant eux-mêmes parfaitement balisés par le consensus au cœur du principe d’OPINIO JURIS.

C’est le cas par exemple de la doctrine dite du « combattant ennemi ».

Suite aux attaques du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont initié leur soi-disant Guerre contre le Terrorisme.

Agissant en tant qu’hégémon sans rival, le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique a décrété que les Conventions de Genève n’avaient pas vocation à s’appliquer à des individus agissant en dehors de tout cadre étatique, ne portant aucun uniforme distinctif et ne respectant pas eux-mêmes les règles de la guerre conventionnelle.

Cette doctrine vit le déclenchement d’une série de violation du droit humanitaire et de la personne en général, notamment eu égard aux droits accordés à quiconque de pouvoir bénéficier d’un procès en bonne et due forme, ainsi que de pouvoir préparer une défense en ayant accès aux éléments de preuves à charge.

Certaines confessions ont par ailleurs été obtenues sous la torture ainsi que révélé par l’actuel Directrice du Renseignement US, laquelle a participé au sessions d’interrogatoires.

Dans le prolongement de ces violation du droit dit JUS COGENS, WASHINGTON a mis en place des protocoles d’enlèvements de suspects dans le cadre des « Redditions extraordinaires ».

Ces opérations menées par les services de renseignement ont souvent fait l’objet de critiques acerbes de par le fait qu’elles étaient mises en œuvre en violation totale de la souveraineté des Etats dont certains étaient considérés comme alliés.

Cette fuite en avant dans le non-respect du droit international une fois initiée est souvent très difficile à stopper.

Les dégâts sont en toute hypothèse irréversibles quant au rétablissement du statut quo ante.

Pire, parce que les violations sont commises par un Etat puissant (Membre Permanent du Conseil de Sécurité, et Membre Fondateur des Nations-Unies), c’est toute l’architecture du droit international dans son incarnation onusienne qui s’en retrouve discréditée

Les conséquences de cette période de délinquance assumée a engendré beaucoup de violations par des Etats qui ne se sont quant à eux jamais considéré être investi d’une destiné manifeste mais qui ont su utiliser à leur avantage ce précédent pour justifier à leur tour la commission de violations à l’encontre de leurs propres citoyens.

C’est dans ce contexte qu’il faut aujourd’hui analyser le retrait unilatéral des Etats-Unis de l’Accord sur le Nucléaire Iranien malgré son adoption par une résolution adoptée par le Conseil de Sécurité.

C’est aussi dans ce contexte qu’il convient de comprendre comment l’opération d’intoxication à grande échelle concernant aussi bien l’Irak, que la Libye et plus récemment la Syrie ont pu être exécutées sans que les agences onusiennes ne puissent faire leur travail de vérification.

C’est enfin dans ce contexte qu’il nous faut comprendre comment le régime de non-prolifération nucléaire a pu se retrouvé complètement démantelé en à peine deux décennies, à commencer par le retrait unilatéral de l’Administration BUSH du traité ABM de 1972 en décembre 2001 et plus récemment celui de l’Administration TRUMP du Traité INF, pour Intermediate Nuclear Forces Treaty

Le retrait unilatéral de ce dernier par Washington rétablit l’usage d’armes stratégiques sur le continent Européen.

Il est à souligner que la concentration des media entre les mains de quelques entités souvent liées aux usines d’armement a grandement facilité cette marche forcée vers le désordre actuel.

L’opinion publique n’est plus informée et les grandes manifestations de 1983 contre l’installation des missile PERSHING en Allemagne Fédérale semblent aujourd’hui comme relevant du fantasme.

Près de 20 ans après les attaques du World Trade Center, le contexte de sécurité internationale n’a jamais été aussi fragilisé.

Je vous remercie pour votre attention.

jeudi, 07 novembre 2019

Relations internationales et antagonismes idéologiques...

 

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Relations internationales et antagonismes idéologiques...

par Pierre de Lauzun
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre de Lauzun, cueilli sur Geopragma et consacré à l'impact des antagonismes idéologiques dans le champ des relations internationales.

Relations internationales et antagonismes idéologiques

A côté du schéma des relations internationales classique depuis les traités de Westphalie, fondé sur des rapports entre entités plus ou moins souveraines, d’autres facteurs sont régulièrement venus colorer ces relations. On peut citer ici les conflits de civilisations chers à S. Huntington, bien qu’historiquement on trouve peu d’exemples où un conflit significatif oppose ce qu’on peut décrire comme deux aires de civilisation (voir un billet précédent). Même si des différences culturelles profondes ont souvent contribué à renforcer les antagonismes et à les radicaliser : les conflits étaient et sont en général d’abord des conflits entre puissances. Ce n’est que dans le cas de l’Islam que ce terme pouvait acquérir plus de vraisemblance, dans son opposition avec le monde chrétien d’un côté, le monde hindou de l’autre. Mais justement l’Islam est spécifique par l’association étroite qu’il fait entre religion et politique, et donc sa proximité potentielle avec une idéologie politique.

Cela nous conduit à mettre en lumière une autre type d’opposition, plus caractéristique de l’époque moderne au sens large, qui sont les conflits idéologiques. La guerre froide vient immédiatement ici à l’esprit, mais la seconde guerre mondiale dans une très large mesure aussi ; voire la première, du moins si on prend au pied de la lettre la propagande de l’époque. Comme si, à l’époque démocratique tout particulièrement, il fallait justifier les conflits par autre chose que les simples oppositions de puissance : par des oppositions entre un bien et un mal, moyennant bien sûr simplification éventuellement caricaturale de la réalité. Cette opposition idéologique n’oblitère évidemment pas la dimension de conflit de puissance, évidente dans tous ces cas, mais elle lui donne une caractère et une intensité toutes particulières ; elle peut en outre orienter les décisions prises, du fait de sa logique propre. C’est cette époque qu’on a pu croire un bref instant terminée en 1991 avec la fin de l’URSS.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Apparemment la domination de ce qu’on peut appeler l’idéologie occidentale, est considérable sinon massive : elle donne sa substance au discours international de tout côté, depuis les débats de l’ONU jusqu’aux argumentaires donnés par les faucons américains, en Iraq et ailleurs. Idéologie utilisée abondamment pour justifier des politiques, et notamment des interventions ici ou là, militaires ou non. Mais sans qu’il y ait désormais un adversaire idéologique clair.

Les tentatives pour dresser une protestation, ou un début d’alternative, sincère ou pas, contre cette idéologie dominante sont timides et locales. C’est même vrai dans le cas de l’islamisme, sous ses différentes formes. Certes il représente un phénomène majeur. Soit comme prétexte à intervention, soit comme boutefeu, il peut jouer un rôle important dans les évènements. Mais il ne se situe pas à ce stade au niveau des grands rapports de force entre puissances, car il faudrait pour cela qu’une vraie puissance l’incarne. Sur la scène internationale il s’exprime en fait surtout sous la forme spécifique du terrorisme, dont la connexion avec de vraies puissances reste limitée. Certes un certain islamisme militant est revendiqué sous des formes diverses et souvent antagonistes par l’Arabie saoudite, l’Iran, et d’autres comme de plus en plus la Turquie. La première répand sa version rigide et extrême de l’Islam, à coups de dizaines de milliards, depuis plus de 50 ans (avec ses amis ou rivaux du Golfe), mais sans fédérer un véritable camp structuré comme tel. L’éventail de ses amis est pour le moins éclectique. Le second a su rassembler et mobiliser les communautés chiites dans un arc traversant tout le Moyen Orient, qui a actuellement le vent en poupe, mais sans sortir de ce cousinage par nature limité. Le chiisme reste fort peu missionnaire. La Turquie, importante comme puissance régionale, est peu suivie comme leader et reste à dominante nationaliste. Dans les faits donc, même si l’idéologie conditionne ces antagonismes et d’autres, le conflit de puissances reste prépondérant au niveau des relations de pouvoir. Reste que la résurgence indéniable de l’islamisme est un fait géopolitique majeur, qui peut l’être plus encore à l’avenir, si elle conduit à une modification suffisante des équilibres internes, et par là des priorités des pays concernés. C’est donc dans la patte humaine des pays musulmans qu’est l’enjeu, avant les relations internationales entre puissances.

Une autre source majeure d’alternative idéologique, potentiellement plus massive et plus significative, est l’évolution possible de la Chine. Au stade actuel, l’ancien antagonisme entre marxistes et occidentaux ne joue plus de rôle significatif au niveau mondial. Mais la Chine reste fondée sur des principes indéniablement différents et antagonistes de ceux qui constituent la doxa internationale, notamment américaine. A ce stade, cela ne prend pas chez elle la forme d’un programme idéologique conquérant. On peut même avancer que sa situation idéologique interne n’est elle-même pas stabilisée : il est clair que le régime cherche une justification à ce niveau, mais pour réussir il faudrait que cela prenne une forme différente et surtout plus élaborée. Elle pourrait tourner autour de l’idée actuellement latente d’un régime « éclairé », possédant une vision à long terme, qui est dégagée et mise en œuvre par des élites intellectuelles et sociales elles-mêmes sélectionnées à partir du peuple par le tamis du parti : on mêlerait ainsi une certain héritage léniniste plus ou moins maoïste (cher au président chinois actuel) avec des éléments de confucianisme récupéré (l’idée ancienne d’une élite supposée vertueuse au service du peuple, mue par le culte de la moralité publique). Mais la formalisation théorique de cela reste à ce stade limitée et déficiente, et non exportable.

A ce stade donc la Chine n’est pas mûre pour jouer un rôle international significatif à ce niveau, même si dans son mode d’intervention on voit l’impact de la différence avec les pays occidentaux, notamment dans son indifférence affichée à toute « démocratisation » dans les pays qu’elle aide. Ajoutons que la tradition chinoise séculaire était plus introvertie que messianique ; même si la Chine ancienne avait progressivement assimilé des zones vastes, grâce à son modèle culturel et politique attractif pour ses voisins ou les pays dominés. Mais outre qu’elle n’a plus cette puissance d’attraction à ce stade, sous cette forme cela ne donnerait de réponse que pour les pays de son environnement immédiat, culturellement proches (Japon, Corée, Vietnam) – et ce n’est en rien le cas actuellement. En bref la Chine actuelle commence à faire sentir sa puissance, mais elle rayonne bien plus par son pragmatisme que par son modèle ou ses idées. Elle n’a en outre aucune expérience historique des relations de puissance. Mais le temps travaille pour elle. Et à terme, on ne peut pas exclure qu’elle construise un modèle alternatif plus puissant, idéologiquement rival du modèle américain ou occidental. On peut par ailleurs trouver dans la tradition chinoise ancienne, si elle est quelque peu revisitée, un modèle politique fort, et même des motifs à interventionnisme, y compris sur base moralisante ; ainsi chez Mencius, successeur principal de Confucius, qui justifiait la guerre s’il s’agit d’éliminer des « tyrans » opprimant leur peuple. La situation reste donc mouvante et pourrait nous surprendre.

D’autres sources encore peuvent émerger à terme long : pensons à une civilisation ancienne comme celle de l’Inde, désormais en voie d’affirmation politique elle aussi.

Mais il n’est pas inintéressant de considérer un autre cas beaucoup plus d’actualité, quoique bien moins dramatique que les exemples cités : celui des populismes. Bien entendu les mouvements ou personnages classés comme tels sont censés faire partie du monde des démocraties à l’occidentale. En outre, ils sont hétérogènes, et ne constituent ni un front ni même une alliance. Rien ne dessine à ce stade un antagonisme d’ensemble entre eux et les autres régimes se disant démocratiques. Néanmoins la manière dont ils sont perçus, tant par les médias que par la diplomatie de ces autres pays, présente des traits caractéristiques, où la dimension idéologique (en l’espèce de réprobation) est manifestement prégnante : PIS polonais, Orban, Lega de Salvini, Brexiters à la Boris Johnson, personnages comme Trump ou Bolsonaro sont fondamentalement ressentis dans le discours dominant comme des anomalies moralement condamnables, dans leur discours même. On les rapproche parfois même d’un autre réprouvé comme V. Poutine, malgré les différences évidentes – mais justement ce rapprochement est symptomatique. Certes, le phénomène n’en est qu’à ses débuts, et peut faire long feu. Le succès ou l’échec du Brexit, l’avenir politique de D. Trump, l’évolution de l’Est de l’Europe ou de l’Italie seront ici des tournants importants, parmi d’autres. Certes, même si le phénomène subsiste, la possibilité d’un front de tout ou partie de ces dirigeants paraît plutôt improbable à ce stade. Mais on ne pourrait pas exclure qu’une fracture durable s’installe dans la belle unanimité antérieure, colorant alors les relations internationales de façon appréciable, vu l’importance des pays concernés. Le consensus idéologique occidental pourrait se trouver alors fortement altéré.

Pierre de Lauzun (Geopragma, 4 novembre 2019)

mardi, 05 novembre 2019

Pourra-t-on encore longtemps parler de trêve en Syrie ?

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Pourra-t-on encore longtemps parler de trêve en Syrie?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La Turquie a déclenché le 9 octobre une offensive dans le nord-est de la Syrie contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), un groupe qu'elle qualifie de  terroriste  mais qui est soutenu par les pays occidentaux en raison de sa lutte active contre les combattants de l'organisation État islamique présents en Syrie.

La raison alléguée par Ankara en était sa volonté d'empêcher des milices kurdes extérieures à la Turquie de rejoindre des Kurdes ayant toujours vécu dans l'Est de la Turquie afin de constituer l'amorce d'un Etat Kurde qui priverait en ce cas la Turquie de toute souveraineté sur un bon quart de son territoire.

Pour Recep Tayyip Erdogan, cette perspective était inacceptable et devait être combattue en engageant toutes les forces militaires du pays. Même si celles-ci ne sont pas aussi efficaces qu'elles en ont la réputation au sein de l'Otan, elles sont néanmoins parfaitement capables de conquérir et occuper une large bande ou zône de sécurité tout au long de la frontière syro-turque et sans doute un peu au delà, tant du moins que les Américains alliés de la Turquie au sein de l'Otan laisseront faire.

Recep Tayyip Erdogan avait sans doute considéré que le retrait du contingent américain annoncé à grand bruit par Donald Trump lui laisserait les mains libres pour mener une offensive militaire de grande ampleur contre les Kurdes, voire pour occuper durablement une bande frontalière  de sécurité. Quant à la Russie, elle était restée à ce jour dans l'expectative, d'autant plus qu'elle ne dispose pas sur place de moyens militaires suffisants pour freiner l'offensive turque.

Or il avait semblé que Washington ne laisserait pas se poursuivre l'offensive turque contre les Kurdes des YPG. Le 17 octobre, lors d'une visite à Ankara, le vice-président américain Mike Pence avait obtenu la suspension pour 120 heures de l'offensive turque lancée le 9 octobre, afin de permettre aux forces kurdes d'abandonner leurs positions actuelles dans le projet turc de « zone de sécurité ». Ceci il est vrai ne signifie pas avant l'arrêt définitif de cette offensive et moins encore ultérieurement le retrait des Turcs dans leurs positions antérieures.

Le 21 octobre Recep Tayyip Erdogan a prévenu qu' une grande partie des 120 heures était désormais écoulée  et que l'offensive reprendrait si les YPG ne respectaient pas l'accord.

Le commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, a, de son côté, accusé la Turquie de saboter l'accord de cessez-le-feu en empêchant le retrait des combattants FDS de la ville assiégée de Ras al-Aïn. Selon lui, l'accord contient un point essentiel précisant l'ouverture d'un couloir d'évacuation sous le parrainage des États-Unis. Or les  Turcs empêcheraient le retrait kurde du secteur de Ras al-Aïn. ils empêcheraient notamment la sortie des blessés et des civils. Ils continueraient d'attaquer les Kurdes.

On notera que les Kurdes, confrontés à l'absence américaine, ont demandé le soutien de Bashar al Assad, président de la Syrie et allié de la Russie. La Syrie a répondu indirectement en mettant en place des troupes dans des secteurs proches de la frontière turque, notamment de Kobané et Minbej. Ceci se ferait avec l'assentiment des Russes.

On pourrait penser au soir du 21 octobre que Moscou ne souhaiterait pas la mise en place définitive au nord de la Syrie d'une bande de sécurité dominée par les Turcs. Reste à savoir si Erdogan se laissera arrêter, car il semble pour le moment tenir toutes les cartes en mains.

Notes

1) La carte n'est pas à jour concernant les différentes zones d'occupation. Nous la publions pour donner une image générale de la région

2) Le lecteur pourra relire l'analyse du général Delawarde en date du 14 octobre 2019 analysant  l'offensive turque en Syrie et publiée sur ce site. Pour l'essentiel, elle demeure d'actualité.
http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=3915...

3) On consultera sur ce sujet un article détaillé de E. J. Magnier qui vient de nous parvenir
https://ejmagnier.com/2019/10/21/rencontre-poutine-erdoga...

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A la date du 22/10 à 22h, on peut lire dans la presse du soir

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a fait état, mardi 22 octobre, d'un « accord historique » sur la Syrie conclu lors d'une réunion avec son homologue russe Vladimir Poutine à Sotchi, en Russie.
 « Aujourd'hui, avec M. Poutine, nous avons conclu un accord historique pour la lutte contre le terrorisme, l'intégrité territoriale et l'unité politique de la Syrie ainsi que pour le retour des réfugiés », a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d'une conférence de presse.
Selon Recep Tayyip Erdogan, l'accord conclu avec Vlaidmir Poutine, allié du régime de Damas, porte surtout sur les secteurs du nord-est de la Syrie dans lesquels les forces kurdes du YPG sont présentes mais où l'offensive turque n'avait pas été étendue avant sa suspension.

Nous y reviendrons sans doute

lundi, 04 novembre 2019

Comment la Chine efface les Américains

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Comment la Chine efface les Américains

Les Carnets de Nicolas Bonnal

L’Amérique ? C’est devenu depuis les années soixante un mixte d’impérialisme facho-nihiliste, d’oligarchie tiers-mondiste et de fascisme antiraciste-féministe. Mais cela ne mène plus très loin. America, gratte again…

La Chine s’est éveillée et, pauvre Napoléon, le monde ne tremble pas. Le monde sortira des guerres impériales/humanitaires (les idées chrétiennes devenues folles de Chesterton) et autre croisades occidentales/accidentelles. Mais voyons des analyses US plus précises…

J’ai demandé à Hervé de traduire un texte Unz.org de l’universitaire Roberts Godfree sur la déculottée US dans tous les domaines (ce n’est pas que l’Europe vaille mieux, on est tous d’accord). Aucune schadenfreude : ce qui m’affole c’est que notre occident anesthésié ne se rend compte de rien ou s’en sort par des boniments paternalistes ou des clichés racistes.

Et cela donne : 

« En 2003, j’ai publié un livre sur le déclin des trente-six indicateurs sociaux et économiques de l’Amérique. J’en ai envoyé des copies par la poste à l’Administration, au Congrès et aux chefs de département et j’ai reçu une réponse du Directeur général de la Central Intelligence Agency, qui m’a dit que l’Agence fournissait des informations presque identiques au gouvernement depuis plusieurs décennies. Pendant ce temps, notre déclin et la montée en puissance de la Chine se sont accélérés et cet élan nous a menés si loin, si rapidement, que toute compétition est devenue irréaliste. »

Roberts remet alors des pendules à l’heure :

« Si la Chine ressemblait à la caricature que nos médias nous présentent depuis ces sept dernières décennies, alors oui, nous devrions contrebalancer son autoritarisme excessif, répressif et autoritaire et investir notre trésor dans les technologies de pointe pour faire en sorte que nous fassions l’envie du monde….Mais que faire si la Chine n’est ni répressive, ni autoritaire ? Et s’il ne nous reste plus de trésor à investir ? Et si les dirigeants chinois étaient plus populaires, respectés et compétents que les nôtres ? Que se passerait-il si son économie était déjà 30 % plus forte que la nôtre, connaissait une croissance trois fois plus rapide, avec deux tiers de fardeau de la dette en moins ? Et si elle était déjà en avance sur nous sur le plan scientifique et technologique, imprenable sur le plan militaire, et si elle possédait des alliés plus nombreux et plus puissants que les nôtres ? »

On rappelle que les chinois/confucéens sont contents :

« Gouvernement : Confucius, le politologue suprême disait : « Si les gens n’ont pas confiance en leurs dirigeants, l’État ne peut pas exister. » La confiance en notre gouvernement est à son plus bas niveau de l’histoire. Gallup affirme  que la plupart d’entre nous considèrent le gouvernement comme notre problème le plus urgent et que seuls 54 % d’entre nous « exprimons constamment une position pro-démocratique ». Le système de gouvernement professionnel et non confessionnel de la Chine l’a ramené à son rôle d’Empire du milieu. Comparé au nôtre, le gouvernement chinois est tourné vers l’avenir, décentralisé, efficace et économe. L’Examen d’admission au gouvernement sélectionne chaque année les 2 % des meilleurs diplômés et la réussite est la seule voie vers le pouvoir et la responsabilité. Les 200 membres du Conseil d’État – tous promus pour leur capacité à travailler en coopération – ont gouverné collectivement des milliards de personnes pendant 5 000 ans et leurs données publiques sont stupéfiantes. La plupart ont un doctorat et un QI supérieur à 140. Tous ont commencé leur carrière dans les villages les plus pauvres du pays et n’en sont partis qu’après avoir augmenté les revenus du village de 50%. Ils ont répété cette performance à tous les niveaux, y compris à la présidence, comme le fait Xi. »

Roberts rappelle que le vaurien Donald a parfois raison décidément dans sa discordance cognitive :

« Nous choisissons les dirigeants par acclamation – une coutume gréco-romaine qui favorise les vauriens qui savent parler – et c’est exactement ce que nous avons alors que, comme l’a  fait remarquer  le président Trump, « les dirigeants chinois sont beaucoup plus intelligents que nous. C’est comme prendre les New England Patriots et Tom Brady et les faire jouer contre ton équipe de football du lycée. »

Et Roberts d’ajouter :

« Aujourd’hui, la Chine génère 20 % du PIB mondial par rapport à nos 15 %, ses importations et ses exportations sont équilibrées, ses relations commerciales sont excellentes, sa monnaie est assez valorisée, son économie est 30 % plus importante et croît trois fois plus vite, ses salaires dans le secteur manufacturier sont à égalité avec les nôtres et ses plans pour 2025 sont à couper le souffle. Toujours de nouvelles autoroutes, voies ferrées, métros et ports et, l’année prochaine, l’Internet le plus rapide et le plus avancé avec des villes entières construites autour de la 5G. »

Soutien du monde émergent, la Chine n’est même pas impopulaire et elle manage sans menace une bonne partie du monde :

« En 2018, le taux d’approbation mondial de 34 % de la Chine battait celui de l’Amérique, qui était de 31 %... Nous avons cédé le contrôle de la Crimée et de la mer Noire à la Russie et, de plus en plus, du Moyen-Orient. Avec la Nouvelle route de la soie, la Chine et la Russie fusionnent l’Union économique eurasienne (Arménie, Bélarus, Kazakhstan, Kazakhstan, République kirghize et Russie avec le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et la Moldavie en considération) ; l’Organisation coopérative de Shanghai, OCS (Russie, Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Inde, Chine, Pakistan ; avec l’Afghanistan, l’Iran, la Mongolie et la Biélorussie comme observateurs et l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Cambodge, le Népal, le Népal, Sri Lanka et la Turquie comme partenaires de dialogue) ; et le Partenariat économique régional global, (Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam, Chine, Japon, Inde, Corée du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande). Une fois que les gazoducs Nord Stream II et South Stream seront achevés en décembre, comment l’UE pourra-t-elle résister à s’y brancher ? »

Voyons la Science et le QI chinois :

« Leurs cinq points de QI supplémentaires par rapport à nous signifient qu’ils ont 300 000 personnes avec un QI de 160, comparativement à 30 000 en Occident. La Chine a dépassé les États-Unis pour devenir le premier producteur mondial d’articles scientifiques, représentant près d’un cinquième de la production mondiale totale, selon un  nouveau rapport. La Chine  domine le classement mondial  des articles de recherche les plus cités publiés dans les 30 domaines technologiques les plus en vogue. Bien que les États-Unis aient produit 3,9 millions d’articles sur la recherche en tous domaines, comparativement à 2,9 millions en provenance de la Chine, cette dernière a produit la plus grande part dans 23 des 30 domaines qui ont suscité le plus d’intérêt, tandis que l’Amérique a obtenu la tête pour les sept autres.

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Puis la Technologie : « Les deux tiers des ordinateurs les plus rapides au monde sont chinois, mais rien ne révèle plus le vide de notre armoire technologique que la domination chinoise du haut débit mobile amélioré. Nous prendrons deux fois plus de temps et dépenserons deux fois plus pour intégrer un système moins abordable, fonctionnel, compatible et évolutif. Pourtant, nos impitoyables médias ont tourné en dérision le président Trump lorsqu’il a appelé l’Amérique à dominer la 6G, malgré le fait publiquement connu que Huawei a 600 mathématiciens, physiciens et ingénieurs travaillant sur le 6G depuis plus d’un an. La Chine est en tête du classement mondial dans la plupart des dix principaux domaines « prometteurs » comme la recherche sur les piles et représente plus de 70 % de tous les articles sur les photocatalyseurs et le traitement du cancer ciblé par l’acide nucléique, qui se classent respectivement en 12e et 14e position. Les États-Unis sont en tête dans trois domaines de la biotechnologie, dont l’édition du génome en 7eme position, et l’immunothérapie en 10eme. La Chine est le chef de file mondial de  la recherche fondamentale  et de la plupart des technologies, en particulier celles concernant les  régions chaudes. »

L’Aérospatiale ? 

« La Chine a lancé plus de missions spatiales en 2018 que la Russie ou l’Amérique et son premier avion de ligne local décollera cette année, bien que la FAA ait trainé les pieds. C’est le premier fournisseur mondial de drones et le plus grand fabricant et exportateur d’avions de combat légers. Maintenant que son avion de combat, le WS-15, est en production, son J-20 va dépasser les nôtres. »

Ironiquement, l’auteur ajoute sur cette guerre commerciale aux dimensions modestes :

« Comme le dit Parag Khanna, Pékin doit se demander pourquoi le numéro 3 lancerait une guerre commerciale contre le numéro 1. Bien que nous soyons autosuffisants à bien des égards, nous sommes peut-être moins indispensables que nous ne l’imaginons. «L’Amérique d’abord» sonne bien, sauf quand cela signifie en fait « l’Amérique seule ».

Indicateurs sociaux ?

« Le GINI chinois, qui n’avait jamais atteint nos niveaux, est en train de chuter comme une pierre et l’extrême pauvreté disparaîtra l’année prochaine, lorsque tous les Chinois auront une maison, un emploi, beaucoup de nourriture, une éducation, des rues sûres, des soins de santé et de vieillesse (il y aura alors plus de toxicomanes, de suicides et d’exécutions, plus de personnes sans abri, pauvres, affamées et prisonnières en Amérique qu’en Chine). 500 000 000 de Chinois vivant en milieu urbain auront une valeur nette et un revenu disponible supérieurs à ceux des Américains moyens, leurs mères et leurs nourrissons seront moins susceptibles de mourir en couches, leurs enfants obtiendront leur diplôme d’études secondaires trois ans plus tôt que nos enfants ; et survivront. 98 % des Chinois listés comme « pauvres » sont déjà propriétaires de leur maison et Xi a programmé de ramener le coefficient GINI au-dessous de celui de la Finlande, d’ici 2021-2035. »

L’éducation est incomparable reflétant celle des quatre dragons qui nous impressionnaient tant au cours des lointaines années 80 : 

« Aucun pays n’a autant d’ingénieurs intelligents, bien formés et dévoués. Un quart des travailleurs en Science, Technologie et Mathématiques dans le monde sont des Chinois, une main-d’œuvre intellectuelle huit fois plus nombreuse, qui croît six fois plus vite et qui obtient son diplôme d’études secondaires trois ans plus tôt que chez nous. D’ici 2025, la Chine comptera plus de travailleurs qualifiés sur le plan technologique que l’ensemble des pays de l’OCDE – États-Unis, UE, Canada, Mexique, Australie, Israël, Japon, Corée, Nouvelle-Zélande et Turquie – réunis. »

Pierre d’achoppement, la sécurité, la fierté nationale :

« Faible criminalité, pas d’absurdités religieuses ou de violence islamique. Les entreprises peuvent investir en toute sécurité sans crainte de troubles religieux, de violence ou de vol qualifié.

La foi en l’avenir, le nationalisme, la croyance en une Chine meilleure. Les Chinois croient fermement en l’avenir et sacrifient volontiers temps et efforts pour la prochaine génération. Les Chinois ont le même sentiment que celui que nous avions dans les années 60, sauf que leurs salaires et leur richesse ont doublé chaque décennie depuis soixante-dix ans. »

A l’heure où l’occident bascule dans le techno-bolchévisme, la dystopie écologiste, le transgenre et le fascisme humanitaire, la Chine est démocrate…

« La Chine est la première  démocratie  au monde. Bien que cette affirmation mette en colère de nombreux Occidentaux, quel que soit le système de mesure utilisé, la Chine est une démocratie prospère et l’Amérique ne l’est pas, que ce soit sur le plan électoral, populaire, procédural, opérationnel, financier ou technologique. »

Roberts ajoute qu’elle saura même se défendre :

« L’armée chinoise  dispose de certains des  systèmes d’armes  les plus modernes au monde pour la moitié du coût de la défense américaine. Ses missiles les plus modernes surpassent les nôtres dans toutes les catégories grâce au couplage étroit entre leurs chimistes de pointe et les fabricants de propergols pour fusées. Les systèmes d’armes russes comblent toutes leurs lacunes. »

Cerise sur le gâteau : « 95 % des chinois soutiennent les politiques de leur gouvernement et la plupart sont prêts à se battre pour leur pays. »

L’indianiste Daniélou écrivit que les aryens occidentaux étaient de simples prédateurs. Le chaos des siècles passés l’aura montré. On verra la suite avec nos chinois…

 

samedi, 02 novembre 2019

Merkel et notre destruction sur commande

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Merkel et notre destruction sur commande 

Les Carnets de Nicolas Bonnal

Il faudra bien étudier cette histoire de notre destruction sur commande depuis la fin des années 2000, depuis les années Obama. Une force conquérante (Soros, la finance, le genre, les migrants, la dette, l’austérité, le LGBTQ, le techno-fascisme, les attentats, l’écologie) n’a cessé de nous contraindre.La classe politique est partout devenue hostile, voire haineuse. La culture a été censurée, le cinéma annihilé ; le prêche humanitaire est continu. Le citoyen/résistant assiste à la destruction sans retenue cette fois de son pays et de ses libertés ; le fascisme sociétal veut destituer le président américain, fût-ce comme ça, sans le sénat… Lynchons, pendons le représentant du p’tit blanc…

En France nous aurons été servis avec le phénoménal Sarkozy (Syrie, Libye, vente d’or, réforme, trique), Lagarde (prenez garde, elle n’a pas fini de nuire), Hollande et son bébé-ministre successeur vendu au chaland comme un Bonaparte. 

Mais Merkel : ce morpion au bilan apocalyptique ne partira plus, le personnel politique ayant été là-bas comme en France anéanti. J’ai rappelé que pour l’historien américain Stanley Payne, alors que les espagnols sont anesthésiés (bouffe, télé, sport, techno-addiction), leurs députés ne sont pas élus mais choisis par leur hiérarchie, pour exécuter l’agenda d’élites qui nous mènent au néant. Elites qui d’ailleurs furent suffisamment stupides pour ne pas comprendre que cette attitude renforce Hezbollah, Iran, Chine ou bien Russie. Même le pas très futé PM israélien et ses comparses milliardaires US  vont finir par s’en rendre compte. Lisez Haaretz qui commence – un peu tard ! – à dessiller son lectorat. 

Ce délitement de la raison pratique reflète aussi l’ascension de la stupidité. L’économiste Carlo Cipolla écrivait dans son classique :

Loi 3: Une personne stupide est une personne qui crée des problèmes à une autre personne ou à un groupe de personnes sans en tirer soi-même le moindre bénéfice.

Cela définit bien nos politiciens : 10% de crapules certes, mais aussi, mais surtout 90% de stupides - ou de couards.

Pays remplacé, humilié, écrasé, mutilé, ruiné, privé de libertés, l’Allemagne de Merkel offre la meilleure dystopie de notre Europe, avec sans doute la Suède et cette poignée de Gille scandinaves qui ont toujours été à l’avant-garde du masochisme sociétal, manifestation de cette angoisse existentielle du modernedont parlait Guénon…

On va évoquer un texte allemand pour décrire l’Allemagne. Il a été traduit par nos amis suisses (lesobservateurs.ch) et souligne les points suivants :

« Si l'Allemagne était une entreprise, il y aurait un panneau accroché à l'entrée déclarant : "On ferme." Infrastructures endommagées, Internet plus lent qu'en Roumanie, écoles sales, système énergétique en panne, avenir gâché : Le pays de Merkel est en feu. »

Alors qu’elle avait hérité une machine prestigieuse, Merkel a saboté les industries allemandes. Le texte rappelle :

« Autrefois, l'Allemagne était un pays de précision, de fiabilité et de fabrication de la plus haute qualité, dont les produits sont demandés et appréciés dans le monde entier. Après quatorze ans de gouvernement Merkel, l'Allemagne n'est pas seulement un champ de ruines sur le plan économique. Et la prochaine crise frappe déjà à la porte. »

La récession est revenue :

« La récession bat déjà son plein. Et cette fois, les choses ne se passeront pas aussi bien qu'il y a dix ans, pendant la crise financière mondiale. Car à présent, le noyau industriel souffre. Audi, BASF et Bayer, Thyssen-Krupp, Siemens et SAP annoncent des licenciements et des suppressions d'emplois. »

Merkel détruit avec sa coalition écologiste son industrie et écrase le pays d’impôts (53 milliards d’euros pour sauver le climat en éliminant les humains) :

« Et il ne s'agit que des grands noms. D'autres grands constructeurs automobiles sont également en difficulté, aux prises avec des pertes, des problèmes massifs de ventes et des restructurations. Les entreprises de taille moyenne et les leaders du marché sont également sous pression depuis longtemps - des noms brillants comme Krone, WMF ou Vorwerk. »

Tout s’écroule :

« Dans le sillage des grands acteurs, les petits et moyens sous-traitants tombent également dans le piège. Si une petite entreprise de Basse-Bavière ou de Lusace doit fermer ses portes, ce n'est peut-être pas une grande nouvelle nationale. Mais pour la région touchée, quelques centaines d'emplois perdus sont aussi une catastrophe. »

Le texte ajoute que la classe moyenne se vide de son sang ; mais pourquoi toujours dire classe moyenne ? Soyons guénoniens et écrivons le peuple. Merkel c’est la femme savante (oh, Molière !), la bourgeoise gentilhommesque qui rêve d’anéantir un peuple culpabilisé, privé de sa terre et de son héritage culturel, comme nous tous en Europe. 

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« Ce ne sont pas des cas isolés. Avec les nombreuses petites et grandes faillites et autres pertes d'emplois, la structure industrielle nationale, qui était jusqu'à présent l'épine dorsale de la prospérité allemande, est en train de s'effriter. Par le biais de cette hémorragie, la crise s'installe dans les salons de la classe moyenne et de la classe ouvrière. »

On accuse Donald, le Brexit, la malchance :

« Rien de tout cela ne tombe du ciel. Des politiciens, qui veulent continuer à collecter et à redistribuer l'argent des contribuables comme s'il n'y avait pas de lendemain, insistent encore à l'envi sur Donald Trump et sa guerre commerciale avec la Chine, ou sur le "démoniaque" Boris Johnson et son adhésion au "Brexit" : Or cette crise économique est essentiellement interne. »

L’agenda nihiliste et malthusien, exterminateur même du climat se met en place :

« La "protection du climat" ruine le noyau industriel[...] Les raisons des difficultés rencontrées par le principal équipementier automobile Continental sont déterminées par l'abaissement des limites d'émissions de gaz d'échappement et de CO2 pour les voitures à moteur à combustion interne et le passage forcé aux voitures électriques, ce que les politiciens veulent, mais pas les acheteurs de voitures. [...] »

L’hystérie climatique gangrène les cervelles et mène notre colonelle à appliquer benoitement  le plan Morgenthau de 1944-45, qui prévoyait désindustrialisation et dépeuplement d’un pays alors écrasé, criminalisé, occupé:

« En période de récession, les politiciens forcent l'économie et l'industrie allemandes à s'attaquer à plusieurs projets de changement structurel important à la fois. Après la sortie du nucléaire, la sortie du charbon est également prévue. Pour les régions minières de lignite d'Allemagne de l'Ouest et de l'Est, cela signifie que même le dernier employeur industriel va migrer. »

Important, le réseau ferroviaire et routier s’écroule comme en France :

« Le réseau routier et ferroviaire est depuis longtemps devenu obsolète et inefficace. Pendant des années, les investissements nécessaires à la préservation et au développement des infrastructures de transport n’ont pas été effectués. Malgré les recettes fiscales records - durant les années Merkel, les recettes fiscales des administrations publiques ont presque doublé - il n’y a jamais eu assez d’argent. »

L’Allemagne passe pour un pays riche. Mais les Allemands sont en moyenne trois plus pauvres que les Espagnols. Avec l’afflux migrant et l’étau négatif (pardon, les taux négatifs) de Goldman-Draghi, les prix dans l’immobilier ont gentiment doublé en dix ans.

Notre locuteur :

« L'argent dilapidé aujourd'hui fera cruellement défaut lorsque, dans une ou deux décennies, les baby-boomers d'aujourd'hui prendront leur retraite et que la demande de paiements augmentera fortement. Le conte de fées du "pays riche", avec lequel chaque gouvernement fédéral a justifié la poursuite du pillage des contribuables, a depuis longtemps cessé d'être vrai : en ce qui concerne le patrimoine moyen des ménages privés, l'Allemagne est presque au bas de la liste de l'UE, et se situe même loin derrière les pays du sud, qui demandent des transferts toujours plus urgents de l'Allemagne. »

L’éducation s’écroule comme la natalité (la natalité effondrée est obligatoire, comme qui dirait nurembergeoise).Les parents conservateurs risquent la prison s’ils refusent l’éducation dégénéréeet imposée. On comprend les hésitations…

La suite :

« Le système éducatif allemand produit un grand nombre de diplômés de l'enseignement secondaire qui non seulement ne sont souvent pas apte aux études universitaires, mais ont également des difficultés avec l'allemand et les mathématiques, ainsi que des diplômés universitaires qui maîtrisent les études de genre et la pédagogie sociale, mais qui ne sont pas adaptés aux tâches complexes d'une société industrielle moderne. Parallèlement au déclin des Hautes Ecoles et des Ecoles secondaires, le nombre de spécialistes et de travailleurs qualifiés dont l'économie a un besoin urgent diminue également. »

Il faudrait importer du gastarbeiter, sauf que 95% des migrants sont inexploitables…La suite :

« Les politiciens prétendent que les travailleurs qualifiés qui font défaut seront importés. La réalité est différente : Sur les deux millions de "travailleurs qualifiés" qui sont entrés dans le pays depuis l'ouverture des frontières par Merkel, une grande partie ne trouvera jamais sa place dans le monde du travail allemand ; une proportion considérable d'entre eux est analphabète et incapable de se former. »

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L’Allemagne n’attire personne de sérieux professionnellement, car si on paie plus d’impôts, on touche moins :

« En revanche, les professionnels ont tendance à négliger les tentatives de recrutement allemandes. Qui voudrait travailler dans un pays qui offre des salaires plus bas et des impôts plus élevés que les pays d'immigration ? Face à l'escroquerie fiscale, les autochtones hautement qualifiés fuient également à l'étranger, tandis que le gouvernement importe constamment de nouveaux prolétariats migratoires. »

Rappelons que quatre millions d’allemands sont partis, pour des pays limitrophes germanophones ou pour le reste du monde.

La catastrophe Merkel, c’est aussi la tyrannie humanitaire, c’est aussi le fascisme sociétal. On termine alors :

« Outre les projets idéologiques, les charges fiscales exorbitantes surtout liées à l'expansion incontrôlée de l'industrie du social, pèse sur la population active. Dans les partis et les médias dominants, des mécènes et des partisans maintiennent fermement le lobby social sous contrôle. »

Qui réagira en Allemagne ? On revotera écolo, socialo, chrétien, démocrate ? Sans oublier 10-15% pour l’extrémisme facho-identitaire-toléré-syndiqué ? N’oublions pas que l’occident est un malade démographique, économique, culturel et que cela n’a rien à voir avec la fin de l’histoire du sieur Fukuyama : on n’assiste pas à la fin de l’histoire mais à la fin de l’occident qui projette sur le monde ses fantasmes de perdition. Quand on voit cet antipape inculte adorer la divinité amazonienne et les arbres, quand on voit les pasteures luthériennes renoncer aux signes chrétiens pour les remplacer par le croissant islamiste, quand on voit le satanisme US devenir la culture de masse, on se dit qu’on est mal barrés tout de même…

Sources

Cipolla – Les lois de la stupidité

Bonnal – Comment les Français sont morts

(Traduction libre Schwarze Rose pour les Observateurs.ch)

mardi, 29 octobre 2019

Frémissements populistes au Portugal

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Frémissements populistes au Portugal

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Le 6 octobre 2019 se tenaient des élections législatives au Portugal. Au cours des jours précédant ce scrutin, la grosse presse cosmopolite ne cessa pas de vanter la clique politicienne locale.

Bien qu’arrivée en tête aux élections de 2015, la droite modérée qui se désigne « sociale-démocrate », bel aveu de modération avancée, est incapable de s’entendre au point de laisser le pouvoir aux forces de gauche. Le Parti socialiste d’Antonio Costa négocie âprement avec son ennemi historique, le Parti communiste, et avec le Bloc de gauche, une sorte de condensé lusophone de Mélenchon et de Besancenot. Costa constitue un gouvernement socialiste homogène qui bénéficie du soutien parlementaire des communistes et des gauchistes. Cette alliance inédite n’empêche pas le Portugal d’appliquer une politique économique décidée par la troïka FMI – BCE – Commission de Bruxelles. La violence économique de l’austérité néo-libérale s’édulcore seulement de mesures progressistes d’ordre sociétal.

La médiacratie hexagonale s’extasie surtout de l’absence de tout signe de populisme. Le discours national-identitaire n’est guère audible dans l’opinion portugaise malgré une immigration croissante due à la conjonction de deux phénomènes : l’installation de plus en plus fréquente de ressortissants d’anciennes colonies ultra-marines et l’arrivée des retraités francophones et anglophones. Leur présence favorise la hausse rapide des prix de l’immobilier aux dépens des Portugais eux-mêmes.

Les résultats électoraux voient le vote socialiste croître de 4,3 points et remporter vingt sièges supplémentaires. Antonio Costa est sûr de retrouver son poste de Premier ministre. Le Bloc de gauche garde ses dix-neuf sièges tandis que la Coalition démocratique unitaire, un regroupement de diverses formations dont les communistes et les Verts, n’en a plus que douze, soit cinq de moins. L’alliance gouvernementale est reconduite avec une préférence – implicite – accordée au Bloc de gauche.

La politique sociétaliste de Costa suscite cependant une forte défiance populaire. Outre une abstention élevée (46,5 %), le mouvement environnementaliste et proto-animaliste de centre-gauche Personnes – Animaux – Nature s’emparent de trois autres sièges, soit un total de quatre élus. Mouvement de droite nationale, le Parti national rénovateur ne recueille que 15 272 suffrages (0,3 %), une perte de 0,2 point. Cet échec cuisant s’explique par le (modeste) succès de CHEGA !.

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Fondé le 9 avril 2019, CHEGA !, c’est-à-dire « ASSEZ ! », est dirigé par un professeur de droit de 36 ans, André Ventura. Il entre au Parlement avec 66 442 voix (1,30 %). Cet ancien adhérent du Parti social-démocrate entend importer au Portugal les méthodes du voisin espagnol Vox et, lusophonie oblige, l’activisme du président brésilien Jair Bolsonaro. CHEGA ! ne verse pas dans l’euroscepticisme et pencherait plutôt vers l’Alliance des conservateurs et réformateurs européens dorénavant dominée par le PiS polonais. Hostile à l’islam et au mariage gay, ce jeune parti politique promeut une ligne nationale-libérale conservatrice. Il s’affiche libéral en économie, nationaliste sur le plan culturel et conservateur dans le domaine sociétal. À l’instar de Vox, il se déclare irréprochable sur certains sujets supposés controversés et prend par conséquent bien soin de ne pas être confondu avec le RN français, la Lega italienne et l’AfD allemande.

Par cette élection surprise, l’illusion d’une Lusitanie préservée de tout affreux populisme, se dissipe enfin. Faut-il y voir une conséquence indirecte de la polémique de l’été ? En août dernier, le maire socialiste de Santa Comba Dao, Leonel Gouveia, proposa l’édification d’un musée, ou plutôt d’un centre d’étude et d’interprétation du régime de l’enfant de la commune, Antonio Salazar, le président du Conseil de l’« État nouveau » (1933 – 1974). Le 11 septembre suivant, à l’initiative du groupe communiste, le Parlement vota grâce à l’abstention d’une « droite » toujours aussi pleutre, une condamnation de ce projet qui offenserait la mémoire des « victimes » du salazarisme.

André Ventura est bien seul. Et alors ? Pendant près de vingt-huit ans, Jair Bolsonaro fut un député fédéral isolé et méprisé. En dépit d’un changement fréquent d’étiquette partisane, cet isolement politique le préserva des compromissions politicardes. Le président de CHEGA ! a-t-il commencé une longue marche qui en fera un jour le Bolsonaro du Portugal et de la Vieille Europe ?

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 144, mise en ligne sur TV Libertés, le 21 octobre 2019.

lundi, 28 octobre 2019

Rétablir les liens avec la Russie n’est pas infondé

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Rétablir les liens avec la Russie n’est pas infondé

par Michel GRIMARD

Ex: http://www.europemaxima.com

Renouer des liens avec la Russie n’avait rien d’outrancier, comme voulaient le faire croire tous ceux qui, sans relâche, nous déconsidéraient sans nous permettre de nous exprimer. Il semble que nos appels à cesser de refuser le dialogue et à faire preuve d’un plus grand réalisme aient été entendus.

Notre conférence-débat du 20 mars dernier « Comment relancer les relations avec la Russie » a reçu un écho favorable. Elle a aidé à faire prendre conscience de l’absurdité des nocives relations franco-russes et du nécessaire rétablissement de liens raisonnables.

Comme l’a déclaré le Président Emmanuel Macron : « Il faut effacer les frictions passées, ce qui n’efface pas forcément des points de tension sur l’actualité. »

Nous nous réjouissons des propos chaleureux qu’il a tenus sur la Russie, « grande puissance profondément européenne ».

« Cette Europe qui va de Lisbonne à Vladivostok ».

Des positions constamment affirmées par le ROUE et qui figurent dans sa charte. De la même façon que la France a défendu la réintégration de la Russie au Conseil de l’Europe, elle doit œuvrer pour qu’elle retrouve sa place dans le G7, dont elle a été exclue en 2014 lors de l’annexion de la Crimée.

La crédibilité de ce groupe en dépend. Les membres du G7 sont-ils exempts de tous reproches ? Non, certains ont annexé ou maintiennent sous leur tutelle des régions ou des pays qui leur sont parfois plus étrangers que la Crimée à l’égard de la Russie.

Pour ne citer qu’eux, c’est le cas de l’Angleterre avec l’Irlande du Nord et Gibraltar, de la Chine avec le Tibet [Note de la rédaction d’Europe Maxima : la Chine n’appartient pas au G7…].

Puissance importante, incontournable sur la scène internationale, la Russie ne peut être absente du G7. L’Europe doit certes se soustraire aux antagonismes Washington – Moscou qui l’impactent, mais la Russie demeure le partenaire qui s’impose naturellement et logiquement à l’Europe. Seule la conjoncture dicte actuellement le rapprochement avec la Chine, dont les intérêts sur l’extrême Sibérie sont sources d’affrontements futurs avec la Russie.

L’Union européenne doit tenir compte de cette contradiction et agir avec maîtrise et subtilité à l’égard de la Russie, sans laquelle une Europe, même unie, serait orpheline d’un atout essentiel. Maintenir le lien transatlantique, certainement, mais en finir avec l’OTAN, instrument de vassalité de l’Europe au service des États-Unis, est un impératif.

Concevoir avec la Russie une nouvelle architecture de sécurité pour l’Europe, comme le souhaite le Président Emmanuel Macron, mérite intérêt, même si l’idée a été évoquée plusieurs fois dans le passé.

La réactivation la plus récente a eu lieu en 2010 sous la présidence de Dimitri Medvedev. En octobre 2011, le ROUE a d’ailleurs organisé un diner-débat sur le thème « L’Europe ne peut éviter une refonte de son architecture de sécurité ».

Monsieur Dimitri Rogozine, à l’époque ambassadeur de la Fédération de Russie auprès de l’OTAN, y participait. Il fut, dans les semaines qui suivirent, nommé vice-Premier Ministre, chargé de la défense et de l’industrie spatiale. Il est aujourd’hui Directeur général de la Corporation d’État de ROSCOSMOS.

Au moment où le Président Donald Trump montre sa versatilité concernant la défense de l’Europe et sa stratégie unilatérale de mise en cause des traités, FNI et à terme START III, le renouvellement de l’architecture de sécurité de notre continent devient une urgence.

Si la naïveté n’est pas de mise en diplomatie, il ne convient pas, pour autant, de bloquer toute initiative, comme le font la Pologne et les Pays baltes qui refusent systématiquement les discussions et recherches de paix, dès qu’il s’agit de la Russie.

Leur atlantisme viscéral les rend totalement tributaires de l’OTAN et ambivalents sur la défense européenne, car proches dans les déclarations, mais éloignés dans les actes. Ils agissent à l’opposé de la Finlande qui prône le dialogue avec la Russie, dont elle a eu également à pâtir.

Pour certains, le projet d’une nouvelle architecture de sécurité européenne serait un piège tendu par la Russie, au prétexte qu’elle serait mue par un unique but – détruire l’Europe –, alors que celle-ci n’aurait jamais manifesté la moindre agressivité.

C’est oublier sa volonté d’introduire l’OTAN en Ukraine et en Géorgie, pour compléter l’encerclement de la Russie. Au lieu de dresser des barrières sources de suspicions et par là même de conflits, recherchons des structures communes, privilégiant la paix.

Dans cet esprit et face au rejet des différents traités sur le contrôle des armements qui favorisent, de nouveau, leur libre prolifération, la France doit être présente lors des éventuelles discussions sur ce sujet.

La relance du Comité consultatif de coopération, gelé en 2014, participe à cette volonté de rapprochement voulue par le Président Emmanuel Macron. La réunion du 2+2 à laquelle participait d’ailleurs Dimitri Rogozine, ne peut que les prémunir mutuellement en facilitant la compréhension entre les deux pays.

Après avoir remercié la France pour ses efforts en faveur de la réinsertion de la Russie au sein du Conseil de l’Europe, le Président Vladimir Poutine a démontré sa volonté d’apaisement. Comme convenu, les échanges de prisonniers entre Kiev et Moscou ont eu lieu et se sont bien déroulés; d’autres doivent suivre.

Un début de processus de paix dans le Donbass, alliant élections et promulgation d’une nouvelle loi accordant un statut spécial pour cette région, a été salué comme une avancée majeure par la Russie. À Kiev d’agir.

Michel Grimard, président du ROUE

• D’abord mis en ligne sur EuroLibertés, le 16 octobre 2019.

samedi, 26 octobre 2019

Moyen-Orient. Que contient le mémorandum d'accord Erdogan-Poutine ?

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Moyen-Orient. Que contient le mémorandum d'accord Erdogan-Poutine ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Ce mémorandum a été signé par les deux présidents lors de leur rencontre à Sotchi le 21 octobre. Son contenu vient d'être rendu public.

La rencontre a duré 7 heures, ce qui est considérable compte tenu du temps disponible pour les chefs d'Etat. A la fin de la rencontre ils ont signé un mémorandum conjoint dont le contenu est désormais connu. Dans ce document Recep Erdogan et Vladimir Poutine confirment leur plein accord à la nécessité de conserver l'unité politique et l'intégrité du territoire de la Syrie sous la présidence de Bashar al Assad, ainsi que leur volonté de conserver la sécurité au sein de la République turque.

Sur ce dernier point, ils ont confirmé leur détermination à combattre le terrorisme islamique et à ne pas accepter les prétentions de séparatistes visant à démembrer le territoire turc. Par le terme de séparatiste, ils désignent en particulier les mouvements kurdes visant à reconstituer un grand Kurdistan qui engloberait notamment le Kurdistan turc. 

Ils ont également assuré que le contrôle désormais assuré par la Turquie après son offensive militaire des derniers jours sur un couloir dit de sécurité long de 120 km et large de 32 située sur le territoire syrien ne sera pas remis en question. Il inclut les agglomérations de Tel Abyad et Ras Al Ayn. Ceci signifie concrètement que l'armée turque n'opérera plus désormais en dehors de cette zone. En revanche, la police militaire russe et les gardes-frontières syriens veilleront à ce que les unités militaires kurdes dites People's Protection Units (YPG) s'éloignent d'au moins 30 km de la bordure sud du couloir de sécurité. C

Ceci fait, fin octobre prochain, la zone sera contrôlée conjointement par des unités militaires russes et turques. Cependant, l'armée syrienne pour sa part conservera le contrôle des villes de Qamishly, Manbij et Tal Rifat.

Le mémorandum fait aussi des préconisations concernant la facilitation du retour des réfugiés ayant fui cette zone et la détection des terroristes pouvant s'y infiltrer, ainsi que ceux se trouvant dans des prisons kurdes au nord-est de la Syrie qui retrouveront la liberté. Selon certaines sources, ces terroristes mêlés de divers criminels pourraient être plus de 15.000. La plupart sont détenus dans les prisons kurdes de Shaddali, Hasakah et Allya. Ils se sont livrés à de nombreux crimes tels que décapiter les femmes kurdes et éventrer leurs enfants. Les Kurdes voudraient qu'ils soient jugés et punis en conséquence. Or le retrait précipité des YPG ne facilitera pas cette tâche, que les Russes n'auront certainement pas pour le moment les moyens de reprendre à leur compte. Le ministre de la défense russe Sergey Shoigu vient cependant de souligner l'importance de ce problème, ceci d'autant plus que ces terroristes proviennent de Russie et de divers pays européens et ne manqueront pas d'y retourner si leurs gardiens kurdes sont obligés d'abandonner leurs postes. rien n'est fait pour les en empêcher.

Lors de leur rencontre à Sotchi, ni Recep Erdogan ni Vladimir Poutine n'ont examiné ces questions essentielles à la sécurité de la région. Ils n'ont pas non plus abordé la question des 12.000 réfugiés vivant actuellement dans des camps dans les provinces de Al-Hasakah and Deir Ez-Zor. Certains de ces camps sont de très grande taille. Des dizaines de milliers de femmes, enfants et vieillards y vivent dans des conditions très précaires, manquant d'eau, de nourriture et de médicaments. Les maladies infectieuses s'y multiplient, notamment l'hépatite, les troubles intestinaux et la tuberculose. Nul parmi les ONG occidentales si promptes à dénoncer les atteintes aux droits de l'homme de Bashar al Assad n'évoque ces questions.

Un autre point n'a pas été abordé, malgré son importance. Il concerne le fait que les Américains, en dépit de leur retrait progressif de la région, conservent des contingents militaires importants pour protéger les gisements de pétrole appartenant aux compagnies pétrolières américaines ou convoités par elles. La récente rencontre du vice-président américain Mike Pence et de Recep Tayyip Erdogan à Ankara n'avait pas, comme l'on pouvait s'en douter, abordé cette question. La plupart des observateurs neutres constatent que les Américains ne sont pas venus au moyen orient en Iran pour combattre les djihadistes. Ils les auraient au contraire le plus souvent approvisionnés en armes et vivres. Ils sont venus pour y défendre leurs intérêts pétroliers. On imagine mal aujourd'hui qu'ils puissent cesser de le faire.

On notera que la Turquie, bien que membre de l'Otan et à cet égard alliée des Etats-Unis, confirme son statut d'allié de fait de la Russie. Washington laisse faire, compte tenu sans doute de l'importance géopolitique de ce pays;

Note au 26/10

On nous écrit: En France, un certain nombre de mouvements musulmans dits salafistes, c'est-à-dire encorageant le terrorisme, sont soutenus par le gouvernement turc. Beaucoup de mosquées sont directement fiancées par le Qatar, l'Arabie Saoudite, l'Algérie ou le Maroc. Nous sommes la proie d'un certain nombre de puissances étrangères qui veulent s'emparer de la France.

mardi, 22 octobre 2019

Britannia Exit. Le Royaume-Uni, l'Union Européenne et les répercussions du BREXIT dans un monde multipolaire

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Britannia Exit. Le Royaume-Uni, l'Union Européenne et les répercussions du BREXIT dans un monde multipolaire

Auteur: 
Irnerio SEMINATORE
Date de publication: 
16/10/2019

Ex: http://www.ieri.be

Le 31 octobre le Royaume-Uni quittera l'Union Européenne, où il était entré en 1973, après 48 ans d'adhésion et deux véto successifs de la part du Gén. de Gaulle, en janvier 1963 et en novembre 1967.

Deux tentatives infructueuses d'entrer dans la Communauté Economique Européenne (CEE) qui donnent la clé du divorce d'aujourd'hui, marquées, en 1963, par l'incompatibilité de l'économie anglaise avec les règles du « Marché commun » de l'époque et, en particulier de la politique agricole commune (PAC), l'économie britannique étant encore liée au Commonwealth en une zone mondiale de libre-échange et, en novembre 1967, par l'irréductibilité des intérêts insulaires (GB et Pays scandinaves) et des intérêts continentaux (les Six), doublés des relations privilégiées de la G.B.avec les Etats-Unis d'Amérique.

De surcroit l'orientation atlantiste de la politique étrangère et de défense de la Grande Bretagne et son refus de participer à la création d'une force nucléaire européenne indépendante aurait transformé, aux jeux de de Gaulle, la Communauté européenne en une Communauté atlantique et la première aurait été absorbée par la deuxième.

Ces vieux sentiments de singularité des britanniques ont ils joué un réflexe instinctif d'indépendance et de liberté dans les orientations populaires, lors du référendum de juin 2016 sur l'appartenance du Royaume Uni à l'Union européenne ?

Il est certain que, du point de vue historique, cette date marquera un échec du projet européen et un tournant décisif dans son évolution.

En effet, les dangers du consensus de masse, exprimés par le référendum britannique, ont pris le pas sur la définition de l'avenir du pays.

Ce retour à l'exercice intégrale de la « souveraineté » par un choix populaire, s'est fait dans des tensions internes, parlementaires et civiles, ainsi que dans l'incertitude internationale.

Trois arguments ont pesés sur le vote populaire: l'immigration, la zone euro et deux perspectives géopolitiques divergentes sur l'espace économique et politique vers lequel projeter l'avenir des deux ensembles.

De façon générale, le vote en faveur du Brexit a représenté pour tous, continentaux et britanniques, une victoire du populisme, du nationalisme et du souverainisme.

En France et en Europe l'impuissance des traités , à proposer une offre politique à la hauteur des défis, a mis en lumière, grâce au référendum, le clivage qui existe désormais entre deux visions de la société, nationale et internationale.

Le Royaume Uni, l'intérêt national et la « Balance of Power »

En effet, c'est au nom de « l'intérêt national » que la Grande Bretagne a toujours défini ses choix, en politique interne et en politique européenne , pronant ,dans le premier cas, l'unité du royaume, et, dans le deuxième, l'adoption du vieux principe du « divide et impera! ».

L'adaptation de l'intérêt national à la politique de « l'équilibre de puissance », comportant une surveillance permanente des intentions et des manœuvres des acteurs continentaux concurrents, afin que « ne soit pas tenue en une seule main une force supérieure à toutes les autres coalisées »!, a présidé à l'entrée réluctante de la Grande Bretagne dans la Communauté Économique Européenne en 1973.

Perspectives continentales et équilibres planétaires

Si les deux impératifs, de l'intérêt national et de l'équilibre de puissance, ont été les deux fils conducteurs du Royaume Uni depuis le traité de Utrecht (en 1713, reconfirmé par le Congrès de Vienne en 1805), rien de tel n'a joué pour les 27 pays membres, irréductibles à un principe d'action commun.

Or, l'identification des intérêts de survie et l' insertion de ces intérêts dans les nouveaux équilibres planétaires, portera-t-elle la Grande-Bretagne à oublier son encrage insulaire entre l'Europe et l'Amérique?

A première vue ,le Royaume-Uni vise désormais l'Océan Pacifique et l'Océan Indien (le vieux Commonwealth) dont le contrôle représente l'enjeu majeur du XXIème siècle, comme nouveau centre de gravité du monde, où battera le cœur de la grande finance internationale  et de la grande manufacture.

Un « Partenariat ambitieux » entre le Royaume Uni et l'U.E?

Face à une Union Européenne, à qui a fait défaut une capacité de conception et d'action géopolitique et stratégique globales et qui montre une impuissance singulière en matière monétaire, de politique étrangère et de sécurité, mais aussi de frontières et d'immigration, l'attractivité de jadis s'est commuée en délégitimation de son rôle et en diffractions internes multiples, qui rendent douteuses ses propositions de « partenariat ambitieux après le Brexit » (M. Barnier/ Le Figaro du 2 août 2018).

Le Brexit permet en effet de comparer deux interprétations du concept de « souveraineté ».

Du côté britannique, une conception unitaire et cohérente du pouvoir et de la légalité, en sa liberté de manifestations historiques, dont la principale s'exprime sous forme de « Balance of Power ».

Du côté de l'Union, une définition relative et partagée du pouvoir souverain, inessentielle du point de vue historique, artificielle du point de vue institutionnel et circonstancielle du point de vue stratégique.

Or, quelles histoires sont en train d'écrire aujourd'hui, ces deux acteurs de la vie contemporaine, le Royaume Uni et l'Union Européenne?

Une histoire de vassalisation du Royaume Uni à l'entreprise déclinante du projet européen, ou, en revanche, une nouvelle aventure de la liberté des peuples de langue anglaise et un retour des nations?

La souveraineté et le multilatéralisme selon Mike Pompeo

A l'échelle mondiale, le Secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a déclaré, au même moment du référendum, au German Marshall Fund de Bruxelles, la fin du multilatéralisme, au nom de la priorité de la souveraineté américaine sur la logique du système international. 

Après avoir rappelé que le vieux système des interdépendances et de la coopération ne fonctionne plus et qu'il profite à des acteurs de l'ombre (la Chine), leurs permettant d'avancer des pions au sein des institutions supra-nationales ou de creuser un clivage entre les intérêts de bureaucraties non élues et leurs peuples et pays (U.E), Pompéo a rappelé que les intérêts de l'Europe et des États Unis précèdent ceux des institutions supra-nationales (ONU, UE, FMI, BM, OMC etc), puisque seuls les États-Nations peuvent garantir les libertés démocratiques et ont pour assise des peuples libres.

Un monde libre est un monde d’États-Nations et ne peut être en aucun cas un univers de bureaucraties supra-nationales.

Ce nouvel ordre ne peut jaillir que d'une profonde reforme des esprits et ne peut aspirer à la stabilité, que par l'affirmation d'un principe de cohérence, fondé sur le soubassement de trois notions, le Leadership, pourvu du sentiment instinctif de l'histoire, la capacité de décision et d'action, essentielle à la vie des États et l'ordre contraignant du monde, bannissant les compromis sans fin et les déclarations illusoires.

Il ne s'agit pas de rééquilibrer, mais de refonder l'ordre international!

Pas d'inclure l'ennemi ou la menace, mais de l'exclure et de les combattre!

Lorsque la liberté et la démocratie se dissocient et la foi dans la raison disparaît ou s'affaiblit, la « guerre civile » mondiale fait son irruption violente dans le coeur des nations.

La souveraineté et la géopolitique globale

Or, si « la souveraineté » est l'autorité, qui décide du cas d'exception, le Brexit, né d'un conflit entre deux principes, de légitimité et de décision, est millénaire pour l'empire britannique et circonstanciel pour l'empire des normes (l'U.E).

En son pur concept, la souveraineté reste le nœud incontournable du maintien ou de la déconstruction de tout ordre social, interne ou international et permet d'inscrire un pouvoir dans la géopolitique des grandes espaces, constitués, au XXIème siècle, par le Pacifique et l'Océan indien, comme pivots maritimes de l'Eurasie.

Ainsi, il est à parier que l'après Brexit sera marqué par la recherche d'un nouveau destin, planétaire et multipolaire, pour les deux ensembles concurrents,le Royaume uni et l'Union Européenne

De la vieille architecture euro-continentale de la sécurité, le Royaume-Uni héritera l'objectif historique d'une opposition permanente à la Russie et à toute organisation eurasienne à caractère stratégique, dans le but d’empêcher un rapprochement euro-russe et, encore davantage germano-russe, qui en ferait un ensemble dominant et menaçant.

La souveraineté et l'ordre libéral du monde

Le Brexit, comme beaucoup d'autres moments des relations euro-britanniques a été une victime du consensus de masse des démocraties et des tentations des classes dirigeantes, divisées, de satisfaire simultanément aux revendications populaires et aux objectifs à long terme de leurs pays.

En effet le défi a été de taille et a concerné le grand l'art de gouverner,autrement dit, la capacité de conjuguer les impératifs immédiats des passions populaires et les horizons de l'avenir.

Par ailleurs le Brexit marque la fin du sentiment d'appartenir à une même communauté humaine de peuples et de nations, distincte de toutes les autres, la communauté européenne, qui avait réussi à modérer par la raison et à atténuer par le calcul et par l'équilibre des forces, les rivalités continentales.

Pour conclure, le Brexit pousse à une reconsidération sur la résilience de l’État et de la souveraineté étatique, reposant, dans la conception post-moderne du projet européen, sur le soft power, la société civile et les droits de l'homme, dépourvus de l'expérience millénaire du conflit, de la tragédie et du « daimon » de la guerre.

A la recherche d'une autre idée de l'Europe

L'activation du débat sur l'épuisement historique du modèle de l'intégration a remis à l'ordre du jour la problématique traditionnelle relative à la primauté des Nations dans les relations européennes et internationales. Dans ce cadre, l'approche réaliste (permanence de la société hobbésienne et de l'anarchie internationale) n'exclut en rien l'approche idéaliste, autrement dit l'adoption d'un déterminisme volontariste pour tout projet historique.

L’Europe a besoin de réalisme pour raviver ses conceptions de la sécurité et de la puissance, sans adhérer à l'apostolat d'une doctrine, mais elle a besoin aussi d'idéalisme  pour réactualiser en permanence son idée de l'Europe.

Le « Brexit » et ses répercussions dans un monde multipolaire.

Le Brexit et ses options

La sortie de la Grande Bretagne de l’Union Européenne, comme acteur national essentiel, engendrera une série de répercussions, à caractère systémique

- sur l'interaction stratégique entre acteurs majeurs de la scène mondiale 

- sur la logique du risque politique, militaire et financier de l'ensemble occidental.

- sur les nouveaux modèles de gouvernance de l'UE

Ces répercussions peuvent conduire également à un séisme géopolitique prolongé : la dislocation du sous-système régional européen, car le retrait d'un acteur essentiel engendre instabilité et conflit.

En effet la défection d'un acteur étatique ne peut être compensée par un sous-système social, la « société civile », qui n'est pas inspirée par l'intérêt individuel d'un acteur national.

La sortie de l'Union fait reprendre au Royaume-Uni son rôle traditionnel de balancier dans les affaires du continent, comme arbitre de ses équilibres politiques et militaires et comme garant de son ancrage dans le camp euro-atlantique.

En puissance océanique et nucléaire, la Grande Bretagne renforce également sa liberté d'action sur la scène européenne, à travers l'OTAN (balance régionale), et sur la scène mondiale, par le biais du Commonwealth (balance planétaire) et favorise indirectement une distribution du pouvoir plus large et plus souple, qui augmente les incertitudes et pousse à l’établissement de nouvelles règles du jeu dans le domaine économique et financier.

Suite au Brexit, l'UE sera dans l'obligation de choisir entre un partenariat atlantique et un rôle planétaire d'acteur incomplet : la première option la place dans une position subordonnée vis-à-vis de la stratégie globale des États-Unis via l'OTAN, la deuxième dans une condition solitaire par rapport à une ré-configuration de son projet initial.

Il s'agit là de la quête d'un espace de manœuvre plus autonome et plus indépendant, à obtenir par des ententes bi-ou multilatérales, avec une ou plusieurs puissances extérieures, eurasiennes (Russie, Turquie, Moyen Orient, Chine) ou extra-européennes (États-Unis).

Le but de la réforme de l'Union serait de reprendre son rôle de puissance d'équilibre dans le système global, lui empêchant de dériver vers un vide géopolitique entre l'Est et l'Ouest et d'interdire la constitution d'alliances défavorables à ses intérêts, dans un monde multipolaire à forte compétition stratégique.

Par ailleurs un sous-système politique sans leadership ne peut se maintenir, car il est soumis à des forces centrifuges, qui aboutissent in fine à la désagrégation de l'ensemble.

La survie des États-Nations

En réalité la survie des États-Nations, même transformés par le processus d'intégration, pose à l'Union européenne trois problèmes majeurs, qui méritent un examen critique et un bilan d'étape, théorique, historique et stratégique.

  •  Le premier concerne l’hypothèse aronienne et bien connue : « Peut-on aller au-delà de l’État-Nation ? » Or,cette hypothèse a pour objet une analyse de la notion d'autonomie et d'indépendance politiques

  •  Le deuxième concerne le multilatéralisme et donc la communauté juridique des nations qui ont leur expression supranationale et universelle dans l’organisation de sécurité des Nations Unies

  •  Le troisième, l’économie mondiale, ou le processus de mondialisation en cours, ou encore la tendance à une interdépendance planétaire sans cesse accru 

Qu'est qu'une Europe politique?

A-t-on perdu la notion du politique?

Est politique une Europe dressée sur une hiérarchie et donc sur un « leadership » reconnu, articulant la « verticale des responsabilités », en une série de cercles de nations, différenciées entre elles.

Cette Europe avec leadership, s'oppose à la démocratie égalitariste, autrement dit, à l'Europe « puissance civile », liée à la défense du « statu quo », constamment remis en cause dans la scène internationale.

A partir de l'expérience séculaire de l'Histoire, décideurs et stratèges savent pertinemment que la sphère de la politique est un maillage, dans lequel se nouent et se déploient des rapports de force, des rapports de domination, ainsi que des rapports de compétition et de lutte entre individus, groupes, classes, ethnies, peuples et nations, autour de trois grands enjeux: l'idée, l'ambition et la puissance et que dans ce contexte, seule une « Europe des Nations »,est en mesure de préserver la personnalité, l'identité et l'homogénéité, culturelles et civilisationnelles, élaborées par l'Europe, au cours d'une histoire vingt huit fois séculaire.

 

Bruxelles, 7 octobre 2019

lundi, 21 octobre 2019

Chisinau Forum III: Gilles-Emmanuel Jacquet – Discours (VIDEO)

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Chisinau Forum III:

Gilles-Emmanuel Jacquet – Discours (VIDEO)

 

Gilles-Emmanuel Jacquet, politologue, diplomate, journaliste, Suisse

En 1997 Zbigniew Brzezinski exposa dans son ouvrage «The Grand Chessboard » (« Le Grand Échiquier ») cette vision stratégique qui correspond à la politique étrangère des États-Unis d’Amérique : afin d’établir une hégémonie globale les USA doivent contrôler l’Eurasie, en particulier sa périphérie (le « rimland » de Nicholas J. Spykman) et contenir les puissances continentales du « heartland » telles que la France, l’Allemagne et la Russie mais aussi plus récemment la Chine et l’Inde.

Après la dissolution de l’URSS et la fin du système bipolaire de la Guerre Froide, les USA cherchèrent à établir à l’échelle globale un système unipolaire dont ils seraient les garants et dont les valeurs occidentales libérales apporteraient aux peuples du monde la paix, la démocratie, les droits de l’Homme et la prospérité. Les attentats du 11 septembre 2001 contredirent ces espoirs mais le gouvernement de G.W. Bush et les penseurs néo-conservateurs américains ne remirent pas en question leur vision du monde. Le multilatéralisme, le droit international et l’ONU furent ignorés et en 2003 les USA attaquèrent l’Irak qui n’avait développé aucune arme de destruction massive à ce moment-là et n’avait aucun lien avec les attentats du 11 septembre ou Al-Qaïda. L’Irak fut dévasté par un conflit qui n’est pas terminé et la situation au Moyen Orient s’aggrava. La recherche d’une solution au conflit israélo-palestinien ainsi qu’au statut du Golan syrien occupé par Israël fut peu à peu abandonnée. Le Printemps Arabe de 2011 fut l’occasion pour les États-Unis, ses alliés du Golfe (Qatar, Arabie Saoudite ou Émirats Arabes Unis), la Turquie et Israël de déstabiliser certains pays comme la Syrie ou la Libye dont les régimes hérités du nationalisme représentaient des obstacles à leurs projets régionaux. La politique étrangère menée par les USA et ses alliés au Moyen Orient ou en Afghanistan durant la Guerre Froide puis lors du Printemps Arabe ainsi que le soutien à des partis ou des groupes armés islamistes ont également joué un rôle dans le développement du terrorisme islamiste à l’échelle régionale et mondiale. 

 

Alors que l’Iran avait cherché à de nombreuses reprises au cours des années 2000 à nouer de nouvelles relations diplomatiques et commerciales avec l’Europe et même les USA, ces derniers ont décidé de retourner à une logique de confrontation avec Téhéran. Malgré ce qu’avait déclaré le Président Donald Trump lors de son voyage en Arabie Saoudite, l’Iran ne représente aucune menace pour les pays occidentaux ou l’Europe du point de vue du terrorisme. L’Iran a été également victime du terrorisme islamiste sunnite, en particulier d’ISIS, et coopère avec de nombreux pays dans la lutte anti-terroriste. Dans la crise iranienne, les USA ne suivent pas leur intérêt national qui leur commanderait plutôt de poursuivre le dialogue et l’ouverture mais les préoccupations de l’Arabie Saoudite ou d’Israël qui ne souhaitent pas voir Téhéran jouer un rôle de puissance régionale. 

En Europe, l’expansion de l’OTAN et des USA au cours des années 1990 et 2000, a ravivé et aggravé d’anciens conflits dans les Balkans ou dans le Caucase comme ce fut le cas avec le conflit de 2008 en Géorgie et en Ossétie du Sud. Le conflit qui touche l’Ukraine orientale depuis 2014 est un des symptômes de la faiblesse politique et géopolitique de l’Union Européenne ainsi que de sa dépendance stratégique envers les USA à travers l’OTAN. Un peu moins de vingt ans après le conflit en ex-Yougoslavie et une quinzaine d’années après celui du Kosovo, l’Union Européenne échoua à empêcher un nouveau conflit d’éclater sur le continent européen et permit aux USA et à l’OTAN de renforcer leur influence aux frontières de la Russie. 

Cette politique visant à établir un système international unipolaire sous hégémonie des USA a mené à de nombreux conflits au cours des trente dernières années et a porté atteinte au droit international ainsi qu’au fonctionnement et à la crédibilité de nombreuses organisations internationales comme l’ONU. Washington et l’OTAN ont également recréé une nouvelle Guerre Froide en Europe en utilisant d’anciennes rivalités nationales ou problématiques ethnolinguistiques (Ukraine) et en instrumentalisant la mémoire des crimes du communisme (Ukraine, Pologne) afin de créer un fossé toujours plus grand entre la Russie d’un côté et ses voisins ainsi que l’Europe occidentale, de l’autre. 

 

Avec la renaissance de la puissance chinoise et la mise en place de la nouvelle Route de la Soie, l’axe du monde s’est déplacé vers l’Asie et la région de l’Océan Pacifique. En restant dans l’OTAN et en ne développant pas de partenariat privilégié avec la Russie, les pays de l’UE risquent dans le long terme de ne pas être assez puissants afin de contrebalancer la puissance chinoise en Eurasie. Alors que les penseurs néo-conservateurs américains et les atlantistes en Europe continuent de défendre la vision d’un système mondial unipolaire placé sous la domination prétendument bienveillante des États-Unis, l’émergence des BRICS est le signe que le monde est devenu réellement multipolaire et qu’il est temps pour certaines puissances occidentales de respecter des principes fondamentaux du droit international qu’elles avaient subverti par le biais de l’instrumentalisation des droits de l’Homme. 

Le respect du droit international, de la souveraineté des États et de la Charte des Nations Unies va de pair avec la vision d’un monde multipolaire, d’un système international reconnaissant la pluralité et la liberté des nations, dans lequel chaque État jouit réellement des mêmes droits tout en restant maître de son destin. L’ONU fournit un forum adéquat mais certaines puissances, en particulier occidentales, ont subverti certains de ses principes et son fonctionnement. Afin de refléter réellement et équitablement l’évolution du monde vers un système multipolaire le Conseil de Sécurité des Nations Unies doit être réformé mais aucun consensus n’est apparu à cause de contentieux historiques et politiques entre certains pays (comme la Chine et le Japon ou l’Inde et le Pakistan). Enfin, le respect du chapitre VII de la Charte des Nations Unies et l’application des articles 46 et 47 sur la mise en place d’un Comité d’état-major devant assister le Conseil de Sécurité pourrait empêcher l’OTAN de violer le droit international et la Charte des Nations Unies ou d’outrepasser ses instructions, comme cela s’était produit lors des conflits au Kosovo et en Libye.

Actualités européennes : le refus de l’intégration balkanique

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Actualités européennes : le refus de l’intégration balkanique

par Eugène Guyenne

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Récemment, Emmanuel Macron, avec Mark Rutte (Premier Ministre néerlandais) et le premier ministre danois, s'est posé en étendard de la continuité de l’entrisme atlantiste dans l’Union Européenne, et ce en rejetant l’entrée des pays balkaniques, avec la Macédoine du Nord et l’Albanie à l’ordre du jour, provoquant de nombreuses déceptions dans ces deux pays.

Tant chez la chancelière allemande Angela Merkel, que chez le président de la Commission Européenne Jean-Claude Juncker, ce dernier dénonçant même “une lourde erreur historique” et que “pour être crédible, elle [l’Union européenne] doit respecter ses engagements”, que chez le président du Conseil européen Donald Tusk mentionnant qu’une « écrasante majorité des États membres étaient favorables » à l’ouverture des négociations avec les deux candidats, qui requiert l’unanimité des États membres, tous ont manifesté leur mécontentement.

Alors que le dossier balkanique, comme le Brexit, est encore repoussé aux calendes grecques (au printemps 2020 lors du prochain sommet UE-Balkans organisé à Zagreb, où la Croatie sera la prochaine directrice pendant 6 mois), Zoran Zaev (Premier ministre de Macédoine du Nord) a proposé qu’aient lieu des élections anticipées, dont les dates seront dévoilées le 20 octobre 2019, en réaction à cette décision de rejet de Bruxelles.

Et encore une fois, s’il fallait en douter, l’Union Européenne prouve qu'elle est une « Europe des États », par nature stérile avec toujours le même manichéisme occidental où les « projets européens » sont perpétuellement repoussés à plus tard.

En attendant peut-être un changement, grâce au Parti des Européens (LPE).

Eugène Guyenne (Le Parti des Européens)

dimanche, 20 octobre 2019

Europe Is Turning Against Free Trade

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Europe Is Turning Against Free Trade
 
New European Commission President Ursula von der Leyen wants a “carbon tariff” on imports to Europe.

After decades of piously reciting neoliberal orthodoxy, extolling a ‘post-political’ borderless world, the European Union seems finally to be turning away from free trade. Numerous factors are working in this direction: a decades-late reaction to China’s mercantilist trade policies which have gutted European industry, the threat of trade wars with America under President Donald Trump, the withdrawal of free-trading Britain from the EU, the rise of Big Tech everywhere but Europe, and ordinary Europeans’ angry reaction to policies which have destroyed their jobs only to enrich footloose capitalists and tax havens.

I have been struck by a rather marked changed of tone among eurocrats in recent months, both among the incoming administration of future Commission President Ursula von der Leyen and the éminences grises of EU think-thanks. Von der Leyen herself has said she will “introduce a Carbon Border Tax” in order “to ensure our companies can compete on a level playing field.” This would presumably be a tariff according to amount of carbon that went into producing a product, hitting China and other industrial exporters most. A carbon tariff has been a long-time ask for protectionist-leaning French politicians.

Von der Leyen, a conservative German politician, has rather implausibly promised a “Green New Deal” for Europe. As such we can expect any-and-all government initiatives these days to be justified by some vague reference to the environment, under the sign of Saint Greta. (Seriously, why has Greta not been awarded a Nobel Peace Prize yet? Why has that doddering old Pope Francis not canonized her? Surely the dying and two confirmed miracles requirements are mere formalities at this point.) It is almost as if human rights’ claim of a sacrosanct private sphere of individual choice fails to recognize the basic interdependence of all things. Ho hum.

The influential think-tank Bruegel – which is run by former top European officials – has been moving away from the EU’s traditional neoliberal trade policies and laissez-faire attitude. Bruegel published a recent paper making “the case for industrial policy”:

The Chinese authorities . . . have cleverly used state subsidies to promote AI and support domestic firms. To help counter this challenge, Germany and Europe should respond with their own subsidies to knowledge-based sectors. Europe’s automotive industry is an obvious candidate for such support. This is why Altmaier’s plan to develop European battery production for electric cars make sense, and may even accelerate an industrial renaissance across the continent.

Whatever one thinks of such arguments, it certainly marks a significant shift in EU thinking.

There has also been talk of restoring Europe’s “economic sovereignty,” which has never really recovered since the Second World War. Since then, Europe has been dependent on Mideastern oil, U.S. economic aid, military support, and tech companies, and Chinese industrial prowess. European companies have been increasingly vulnerable to being bought up by foreign capital.

In France, there has been a longstanding critique of the EU’s economic policies and a demand to implement a protectionnisme européen (“European protectionism”), most notably voiced by the euroskeptic demographer Emmanuel Todd. This was long a pious wish, but with Britain on the way out and Germany itself churning out its own industrial policy, it looks like things may be changing. Not only France, but also much of southern and eastern Europe, are basically protectionist in outlook, leaving the free-trading Dutch and Nords rather isolated.

It’s easy to mock the EU as fake and gay – rightly so in certain areas, such as foreign policy – and prone to perpetual gridlock. But if there’s one area where the EU has real power, it’s on economic matters: namely market regulation, trade, and antitrust.

EU Commissioner for Competition Margrethe Vestager has been making a name for herself in recent years by inflicting billions of euros in fines on American tech giants, mostly for unpaid taxes. Hervé Juvin – a prominent environmentalist intellectual who has been elected to the European Parliament as a candidate of Marine Le Pen’s National Rally – recently asked Vestager:

Madam Vestager, complements on your past actions . . . You express with great conviction your faith in the [EU] single market. I however observe that Europe is not in the lead concerning IT and AI. I also observe that in economic history never has a country caught up in a given sector except by protecting it behind demanding tariff and non-tariff barriers. My question is then: How can you help Europe catch up in the IT and artificial intelligence fields without abandoning the dogma of freed trade . . . without building up an effective external border for the single market, as our Chinese and Russian rivals have been able to do?

Certainly, the EU easily has the capacity – that is to say the human capital – to produce indigenous tech giants, as China and Russia do. The trend so far has been for American companies to hoover up any promising European start-ups or for them to become marginal over time, as their dominance of any given national market proves to be totally insufficient to rival a company dominant in the far larger U.S. market.

In addition to these factors, one can also sense demand among the metropolitan classes for a more powerful EU as America and Britain have moved to their own more-or-less vapid brands of nativist populism. As Gideon Rachman of the Financial Times recently argued in an article tellingly entitled “The EU needs to be a power project”: “The EU once dreamt that the whole world would move towards a law-based system, similar to the EU method. But a world order, shaped by Xi Jinping’s China and Trump’s America, will be based on power rather than rules.”

All roads lead to Carl Schmitt, it seems.

Whether the metropolitan classes – at once privileged and ineffectual, contemptuous of the very nations and states through which mass action is actually possible and power actually exercised – can actualize their dreams for the EU is another question.

Open borders, in the absence of a cross-border regulator, of course means a kind of lawlessness. But, as it turns out, opening up borders is a lot easier than instituting some kind of common “governance” across borders. Hence, if Europeans wish to preserve their way of life and govern their own space, they will have to reinstate an effective external border, the crossing of which occurs only occurring to the will and interests of the European peoples.

I would love Europe to be a well-regulated, sovereign, and European space. Self-sufficient, open to fruitful economic and cultural exchanges of the world, but maintaining its identity and character in perpetuity. I can imagine Europe as a beautiful garden. Is that too much to ask?

jeudi, 17 octobre 2019

OPA territoriales

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OPA territoriales

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

L’été a connu une affaire que beaucoup ont pris pour une nouvelle provocation loufoque de Donald Trump. L’édition du 15 août 2019 du Wall Street Journal révélait l’intérêt de l’actuel président des États-Unis pour le Groenland. Il aurait proposé d’acheter l’île arctique au Danemark. Le royaume danois jugea la démarche vaine.

Dépendance de Copenhague, le Groenland dispose d’une large autonomie interne et n’appartient plus depuis le milieu des années 1980 à l’Union dite européenne. Au moment où la route maritime du Nord deviendrait plus accessible, il occupe une position géopolitique essentielle. Outre la présence de gisements d’hydrocarbures, son sous-sol regorgerait d’or, de zinc, de cuivre, de graphite, de nickel, de platine et d’uranium.

Loin d’être une énième pitrerie, Donald Trump inscrit son étonnante proposition dans l’action de ses prédécesseurs. À deux reprises déjà, la Maison-Blanche a voulu acheter l’île; en 1867, puis en 1946 pour un montant de cent millions de dollars… L’homme d’affaire devenu président relance ainsi une vieille pratique étatsunienne : l’achat plus ou moins honnête de territoires.

La formation des États-Unis aux XIXe et XXe siècles se réalise autour du regroupement de terres acquises à vil prix. En 1803, le Premier consul Bonaparte vend pour quatre-vingt millions de francs le vaste territoire de la Louisiane entre le Golfe du Mexique et les confins du Canada. Sous-peuplée et mal défendue, la Louisiane constituait une cible prioritaire pour la belliqueuse Angleterre dans son espoir de soumettre ses anciennes colonies rebelles. En 1819, l’Espagne reçoit cinq millions de dollars pour la cession de la Floride. En 1848, les États-Unis font un bond territorial considérable. Suite à une féroce guerre d’invasion, les États-Unis versent au gouvernement mexicain un pourboire de quinze millions de dollars dans le cadre du traité de Guadalupe. Ce traité biaisé offre à la jeune puissance nord-américaine le Texas, la Californie, l’Utah, le Nevada, l’Arizona, le Colorado et le Nouveau-Mexique. Cinq ans plus tard, en 1853, l’Étatsunien James Gadsden négocie avec Mexico, un accord sur la rectification frontalière méridionale du Nouveau-Mexique. Washington y achète une bande de terre de 76 800 km² dans laquelle se trouvent les villes bien connues des cinéphiles fans de western, Yuma et Tucson.

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En 1867, les États-Unis réussissent un très beau coup territorial. Partisan du Nord pendant la Guerre de Sécession entre 1861 et 1865, le tsar Alexandre II commet l’erreur irréparable de vendre l’Alaska pour la somme de sept millions deux cents mille dollars. La Russie perd sa dimension tricontinentale qui lui aurait permis de faire du Nord de l’océan Pacifique un lac russe. En 1899, le traité de Paris arrête la guerre entre l’Espagne et les États-Unis. Contre vingt millions de dollars, Madrid cède Porto Rico, les îles de Wake et de Guam dans le Pacifique ainsi que les Philippines et Cuba. Un an plus tôt, les États-Unis avaient annexé la république bananière d’Hawaï…

En 1917, Washington achète enfin au Danemark pour vingt-cinq millions de dollars sa part des îles Vierges. L’autre partie de cet archipel des Antilles appartient toujours au Royaume-Uni. Par cette acquisition, les États-Unis renforcent leur emprise sur les aires centre-américaine et caraïbe.

Réclamer le Groenland revient par conséquent à poursuivre une vieille politique géo-boutiquière. Bien des critiques de Trump n’ont toujours pas compris que son impulsivité ne l’empêchait pas de réfléchir. Cette manie douteuse d’acheter des territoires s’applique jusqu’au continent européen puisque qu’est-ce que l’OTAN, sinon la meilleure justification pour manipuler des gouvernements soi-disant européens plus que jamais déférents envers leur maître d’outre-Atlantique ?

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 142, mise en ligne sur TV Libertés, le 7 octobre 2019.

Syrie: la Turquie, vecteur d’un plan B américain ? (débat)

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Syrie: la Turquie, vecteur d’un plan B américain ? (débat)

 
a quasi coïncidence est extraordinaire: y a-t-il un quelconque lien entre l’agression de l’armée turque contre le nord-est de la Syrie à la faveur du feu vert US et la tentative de coup d’État qu’a connu la semaine dernière l’Irak ?

Au Moyen-Orient, tant que les États-Unis maintiendront leur présence, toutes les guerres seront imbriquées. Ce vendredi, alors que l’artillerie et l’aviation turques continuent à frapper des localités syriennes, les FDS ont procédé à quelques étranges libérations: plusieurs chefs terroristes de Daech ont été libérées avant d’être remis aux forces américaines qui les ont transférés en Irak. La Turquie est-elle le vecteur d’un plan B américain amorcé avec le pseudo retrait US du Nord syrien ?

 

Pierre Dortiguier, politologue, et Ayssar Midani, analyste franco-syrienne des questions internationales, s’expriment sur le sujet.

Source: https://www.presstv.com

mercredi, 16 octobre 2019

La tragédie des Kurdes, fruit douloureux de notre Irrealpolitik

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La tragédie des Kurdes, fruit douloureux de notre Irrealpolitik

Déclaration conjointe du Conseil d’administration de Geopragma, le 10 octobre 2019 : 

La situation des Kurdes syriens est tragique. Elle illustre les souffrances d’un peuple sans Etat éparpillé aux quatre coins de plusieurs pays. Mais se lamenter n’est pas suffisant. Le réalisme nous impose de voir que la situation actuelle découle en partie de la stratégie floue et hasardeuse des puissances occidentales dans le conflit syrien depuis 2011.

Depuis 2011 une absence d’analyse stratégique

Voici ce que nous pouvions savoir dès 2011 :

  • Membre de l’OTAN, la Turquie n’accepterait jamais l’existence d’un Kurdistan syrien autonome ou pire, indépendant, si celui-ci venait à être parrainé par les Kurdes turcs du PKK ;
  • Les Kurdes sont des alliés militaires extrêmement utiles contre notre ennemi principal que sont les différents avatars du djihadisme sunnite, qu’il s’agisse de l’Etat islamique ou d’autres groupes dits « rebelles » ;
  • Le seul Kurdistan existant pour l’instant de façon autonome est celui d’Irak : sa viabilité tient d’une part à son maintien au sein des frontières irakiennes, d’autre part à ses relations pacifiées avec la Turquie, lesquelles sont fondées sur l’exportation des hydrocarbures vers Ankara et le non-soutien au PKK ;
  • Le djihadisme et plus globalement le chaos politique prospèrent notamment sur la déréliction des structures étatiques. La création de vastes zones sans réelle et solide gouvernance doit être évitée au maximum ;
  • Les opérations de « nationbuilding » fonctionnent mal, plus encore si l’Etat nation à construire est vu comme une menace par la plupart de ses voisins. Elles exigent par ailleurs un coût financier et une durée d’intervention qui sont absolument incomparables avec ceux d’une opération militaire classique.

Nous pouvions dès lors tirer plusieurs conclusions négatives :

  • Créer une enclave kurde de facto dissociée du gouvernement syrien et dominée par le PKK amènerait inéluctablement à une intervention turque ;
  • Les puissances occidentales n’auraient pas réellement les moyens de s’opposer à une telle intervention menée par un membre de l’OTAN ;
  • Plus largement, la création d’un Kurdistan syrien viable représenterait un projet économique et politique excédant les capacités des puissances occidentales, d’autant que le modèle économiquement collectiviste et politiquement autoritaire du PKK empêcherait tout développement harmonieux.

Etant donné cela, associer les Kurdes à la lutte contre Daech était une nécessité à la condition que cette association se fasse dans le cadre d’une coordination minimale avec le gouvernement syrien et avec ses alliés russe et iranien. Au début du conflit, un accord tacite a d’ailleurs été passé entre les Kurdes syriens et le gouvernement de Damas : il s’agissait d’une sorte de pacte de non-agression, l’armée syrienne et les milices chiites laissant le champ libre aux Kurdes pour s’occuper d’eux-mêmes.

L’utilisation des Kurdes par les Américains dans une logique de containment à courte vue

Mais cet accord tacite est progressivement tombé avec la création des Forces démocratiques syriennes sous l’égide des Américains : les objectifs de la coalition arabo-kurde, mais dominée par les Kurdes, était d’une part de lutter contre Daech, mais d’autre part d’endiguer la reconquête par Damas des zones djihadistes, notamment à l’Est de l’Euphrate. Si le premier objectif était évidemment des plus louables, ce second objectif, jamais clairement assumé, condamnait les Kurdes à devenir les supplétifs des Etats-Unis et à voir leur territoire servir de point d’appui depuis lequel Washington pouvait espérer continuer d’exercer une certaine pression sur l’ensemble des acteurs régionaux. L’espace conquis par les FDS descendant bien au sud des zones de peuplement kurdes pour couvrir tous les territoires syriens à l’est de l’Euphrate entrait dans une logique de « containment » pour empêcher la structuration d’un axe Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth.

La tragédie que les Kurdes vivent découle largement de cette situation. Ceci est d’autant plus cynique que les Etats-Unis savaient dès le début, qu’ils ne resteraient pas éternellement en Syrie, qu’ils ne mettraient pas les milliards nécessaires à la reconstruction du Kurdistan syrien et qu’en cas de conflit entre les Kurdes et la Turquie, ils choisiraient (certes en protestant) Ankara, membre de l’OTAN.

Nous y sommes, pour le plus grand malheur des Kurdes. La situation des Kurdes syriens est le fruit de l’irreal politik occidentale qui sévit, pour le cas de la France, depuis le tournant atlantiste de notre diplomatie et l’abandon des principes gaulliens qui, en matière de politique étrangère, ont été jusqu’en 2003 un socle commun partagé tant par la droite que par la gauche. Cette époque révolue nous manque. Elle manque aussi aux peuples du Moyen-Orient.

Que peut faire la France  pour les Kurdes?

Même si la résistance kurde apparaît réelle, il est probable que Recep Erdogan finisse par obtenir, peu à peu, le corridor d’une trentaine de kilomètres de large qu’il souhaite établir le long de la frontière syro-turque pour installer les centaines de milliers de migrants syriens, dont la population turque ne veut plus. Cette dimension migratoire n’est pas sans représenter, pour nos pays occidentaux, une menace mortelle en matière de risque terroriste. Le Kurdistan syrien ne peut demeurer ce qu’il a été trop longtemps, pour le malheur des Kurdes eux-mêmes, une enclave occidentale visant à endiguer le trio Damas-Téhéran-Moscou.

La seule option qui permettrait d’éviter ce scénario du pire et qui préserverait la sécurité  des Kurdes est une solution à l’irakienne :  une région kurde disposant d’une large autonomie au sein d’une Syrie unitaire mais fédéralisée. Mais ceci exige d’abandonner la politique irréaliste de suivisme des Etats-Unis conduite depuis 2012, de favoriser un dialogue entre le gouvernement syrien et les représentants kurdes de Syrie.

Nous en sommes très loin tant, dans chaque camp, les positions sont aujourd’hui opposées… Seuls contre tous et forts de notre seul soutien moral, les Kurdes ne survivront pas longtemps. Il existe néanmoins aujourd’hui un dialogue régional entre les principales puissances (Turquie, Iran, Irak, Syrie) coordonné par la Russie. La France ne peut retrouver une influence dans cette région qu’en s’inscrivant dans ce contexte. Nier l’existence de cet espace de discussion serait une aberration, même s’il nous énerve naturellement car il symbolise l’ampleur de l’affaiblissement de notre influence au Levant. En tenant compte des équilibres locaux et régionaux plutôt qu’en privilégiant  une internationalisation du conflit, la France pourrait à la fois être fidèle à ses alliés kurdes contre l’islamisme radical, restaurer une présence en Syrie et retrouver petit à petit le rôle de médiateur qu’elle a abandonné pour un suivisme contraire à ses intérêts et à son rôle dans le monde.

Sanctions antirusses : un coût de 1,5 milliard d’euros par mois pour l’Europe, selon une étude

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Sanctions antirusses : un coût de 1,5 milliard d’euros par mois pour l’Europe, selon une étude

Ex: http://www.zejournal.mobi

Le premier quotidien économique allemand vient de publier les conclusions de deux chercheurs qui évaluent l'impact commercial des sanctions occidentales contre la Russie. Selon eux, elles coûteraient cher à l'Europe, et en particulier à l'Allemagne.

Dans sa politique de sanctions contre la Russie depuis la crise ukrainienne de 2014, l’Europe est-elle victime de «tirs amis», comme l’affirment Matthieu Crozet, de l'Université Lingnan de Hong Kong, et Julian Hinz, de l'Institut pour l'économie mondiale de Kiel ?

Ces deux chercheurs viennent en effet de réaliser un étude intitulée «Tirs amis: l'impact commercial des sanctions prises par la Russie et des contre-sanctions». Elle doit prochainement paraître dans Economic Policy, la revue savante de l’European Economic Association qui rassemble les publications d’Oxford, de Sciences Po et de l’Université de Munich.

Le quotidien économique allemand Handelsblatt, qui se l’est procurée, en révèle les principales conclusions : les sanctions décrétées par 37 pays dont les Etats-Unis, le Japon et les 28 Etats membres de l’UE représentent un manque à gagner commercial de 4 milliards de dollars par mois supporté presque à parts égales par la Russie (52%) et les pays qui ont introduit les sanctions (48%). Mais l’Union européenne est la principale concernée avec 92% des pertes des pays ayant introduit les sanctions, soit un manque à gagner mensuel de près d’un milliard et demi d’euros.

Le quotidien allemand explique que pour parvenir à ces chiffres,  les deux chercheurs ont décomposé le commerce avec la Russie en différents pays et catégories de produits. Puis ils ont élaboré des scénarios de développement normal de ces différents marchés sans sanctions qu’ils ont comparés avec le développement réel. La différence obtenue constitue le montant de la perte commerciale imputable aux sanctions et aux contre-sanctions décidées en réponse par la Russie.

38% des pertes au détriment des entreprises allemandes

Mais parmi les Etats membres, il en est un qui a particulièrement souffert, l’Allemagne, selon l’étude des deux chercheurs qui lui attribuent 38% des pertes des pays associés aux sanctions contre la Russie. Le Handelsblatt rappelle dans son article daté du 11 octobre que des chefs d’entreprise et des hommes politiques allemands se plaignent régulièrement de ces sanctions, le Premier ministre du Land de Saxe, Michael Kretschmer, ayant fait sensation en juin en demandant leur levée.

Fait remarquable, Hinz et Crozet affirment qu’une part importante des dommages causés au commerce avec la Russie ne sont pas liés à des interdictions d’exportation ou d’importation de certains produits, mais indirectement. Les sanctions financières imposées par les Etats-Unis à l’égard d’une liste d’institutions financières et d’entreprises énergétiques russes de plus en plus longue ont joué un rôle crucial dans l’effet de ralentissement des échanges.


- Source : RT (Russie)

mardi, 15 octobre 2019

Potential military action against Iran and the Nagorno-Karabakh conflict

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Potential military action against Iran and the Nagorno-Karabakh conflict

 
Dr. David Shahnazaryan
 

The purpose of this article is not to analyze the situation around Iran and all the possible scenarios.We just would like to present some considerations in view of the dangerous developments around the Islamic Republic, as Washington and Tehran remain locked in the ongoing standoff with no end in sight.

Despite some recent positive trends and moves,which have reduced the risk of a possible military action against Iran, the situation around the Islamic Republic remains quite explosive. U.S. attempts to put together a new coalition of nations to counter what it sees as a renewed maritime threat from Iran, the deployment of warships in the Persian Gulf, the seizure of oil tankers and destruction of military drones have created a situation, when hostilities are more likely to betriggered by the so-called ‘war by accident’, rather than by a political decision of one of the major involved partis.

Given the large number of key players and stakeholders in this process, involving both public and non-public actors, it is not ruled out that one of the players may attempt to provoke a hostility that could be portrayedas ‘war by accident’.

In case of the worst possible scenario –if hostilities and war breakout – it is obvious that ground operation against Iran is practically impossible, first of all, because of geography–we mean mountain ranges along some of its border, deserts in the east,swamps in the south  and Turkey in the east that would not let US troops use its land to invade Iran.

But it is also evident that the geography of the military operation theater would expand significantly across the region. Military operations may embracecountries that would be involved in war inadvertently. As a result, the number of nations involved in hostilities would increase dramatically and the hostilities would extend throughout the Middle East- from Syria to the UAE, from Iran to Saudi Arabia, and so on.

In the event of hostilities against  Iran, it is more than likely that it would take Tehran from four to six months to developa nuclear weapon.Some experts are tendingto consider the situation around the Islamic Republic to be much more complicated than the Caribbean Crisis, saying the latter involved two partiesonly  and it was  much easier for them to seek a way out, while in the case of Iran, as already mentioned, the evident and non-evident key actors are many.

It is more than obvious that in the event of hostilities or war, it would be impossible to calculate all the scenarios, but one thing is clear: massive airstrikes against Iran would triggera large influx of refugees from that country. Most likely, Turkey would close its borders, and those flows would head north to the borders with Armenia and Azerbaijan.

This would pose a serious threat not only to Armenia and Azerbaijan but also to Russia. Some Russian military experts have already argued that Russia would have to increase and consolidate the number of its frontier troops on the Armenia-Iran border, take also control of Azerbaijan-Iran border, as well as the actual border between Nagorno-Karabakh and Iran.

In the event of such developments, it may be difficult for Azerbaijan to sit on different geopolitical chairs at the same time and official Baku would be more likely to allow  Russia to take control of its  border with Iran (including its exclave Nakhichevan) as the large flow of refugeeswould become a source of serious domestic political instability.

The hostilities against Iranwould produce no winners, neither military nor political. All would lose. But there is no doubt that Russia would get the biggest political dividends, and maybe China as well. Possible hostilities against Iran would greatly enhance Russia’s role and none other than Moscow could assume the part of a mediator. China might also show assistance to Moscow.

The Russia-Iran relations are already acquiring strategic allied qualities. As evidence,we can point out the recently signed agreement on expanded military cooperation between Iran and Russia. Iran is pursuing closer ties with the Russia-led Eurasian Economic Union (EEU). The sides are completing a set of procedures necessary for the entry into force of aninterim agreement establishing a free trade zone between Iran and the EEU, which is to begin operatingstaring October 27, 2019.

Given Turkey’s growing multilateral cooperation with Russia, it is safe to say that the Moscow-Ankara-Tehran triangle will become decisive, with Russia gaining significant influence in it. Thistrilateral cooperation may have a different meaning and impact, also in a variety of processes in a much larger region.

 Potential military action against Iran and the Nagorno-Karabakh conflict

Opportunities and potential scenarios ofhow interests and influences may change in the Middle East are a subject of constant discussions  in the context of Iran-related  developments, while the South Caucasus, where there are big conflict-generating  potential and  serious factors threatening  stability and security, and first of all, the Nagorno-Karabakh (NK)conflict, as a rule, is being ignored. The negotiation process under the auspices of the OSCE Minsk Group co-chairing countries – Russia, the United States and France –is now in a stalemate.

Given the bellicose, belligerent rhetoric, resumed after a pause by Azerbaijani president and some other top officials, as well as Armenian prime minister’s contradicting speeches along with his defense minister’s statements containing  aggressive elements, it is not ruled out that in the event of a possible large military action against  Iran,Azerbaijan may try to resort to hostilities in Nagorno-Karabakh presenting it as a justified response to contradicting and incomprehensive statements, even to the OSCE Minks Group co-chairs, coming from the current Armenian authorities, and their short-sighted policy.

 

It should be noted that significant changes have taken place in the NKconflict negotiation process under the auspices of the OSCE Minsk Group co-chairing countries. After the so-called ‘four-day war’ in 2016 April, thefocus in the discussions was placed exclusively on the ways to ease tensions and on the OSCE Minsk Group co-chairs proposals to maintain the ceasefire agreement, signed back on May 12, 1994.

They include the deployment of a larger OSCE monitoring group on the contact line, the installation of special electronic equipment to record ceasefire violations along the line of contact, and the creation of mechanisms for an international investigation of ceasefire breaches by the sides of the NKconflict. Azerbaijan has so far refused to accept these proposals of the OSCE Minsk Group co-chairing countries, ignoring the mediators’ calls.

After the change of power in Armenia in April-May 2018,these issues were pushed out from the negotiation agenda, and are no longer mentioned in the OSCE Minsk Group co-chairs’ official statements. By the way, starting in 2013 and until 2016, these proposals werepresented to the conflicting parties as a demand.

Instead, the focus in the discussions in the negotiation process shifted to the conflict settlement issues, which obviouslyis not promising, and that is why, as mentioned above, the negotiations have appeared in an uncertain, almost deadlocked situation.

Such a change in the agenda seems to satisfy Azerbaijan, and the current deadlock does not, to put it mildly, contribute to the maintenance of the ceasefire by the parties to the NKconflict, which, by the way, is their international obligation.

t should be noted that while earlier the mediators considered the conflict management, ceasefire and security maintenance to be their task, now after the famous ‘elevator’ verbal agreement reached between Pashinyan and Aliyev on September 28, 2018, in Dushanbe, to open a direct Armenian-Azerbaijani communication line,the ceasefire maintenance has shifted to the Pashinyan-Aliyev format.This change has been already stated in the OSCE Minsk Group co-chairs’ statements. These realities have significantly diminished the role of mediators in maintaining the ceasefire and restraining the rise of tensions.

Now it will be quite difficult, almost impossible in this situation to persuade Azerbaijan, or force it to return to the previous agenda, as the Azerbaijani authorities have got an opportunity to ignore the agenda that was not benefiting them.In case of an outbreak of hostilities in NK conflict, the active involvement of new political players, in the first place of Russiaand also the US, Turkey and Iran, would becomeinevitable.

Can OSCE Minsk Group co-chairing countries establish stability on the line of contact in the Nagorno-Karabakh conflict zone without the consent of parties of the conflict?

Azerbaijan has consistently opposed proposals to reduce the tension on the line of contact. The implementation of these measures can only be achieved with the consent of theparties of NKconflict. However, the OSCE Minsk Group co-chairing states have the opportunity to make the situation in the NKconflict zonemanageable and stable without the consentof the conflicting parties.

Given the fact that the OSCE Minsk Group co-chairing states – Russia, the United States and France – are permanent members of the UN Security Council, and are the most important geopolitical centers, all three technically are capable of establishing satellite control over the contact line, and as amatter of fact,they use this opportunity regularly to follow all the movements and changes on the line of contact in the NKconflict zone.

Consequently, these three mediating states can exercise political will and, without the consent of the parties to the conflict, come out with a joint official statementto say that they will exchange information regularly from satellite monitoring and will periodically discussand  analyze all the changes in the military situation in the conflict zone and possible undesirable developments.

The exchange of satellite monitoring information, discussions and analyses among the OSCE Minsk Group co-chairing states could serve as a serious deterrent to offensive plans of the sides to the conflict. Such a form of cooperation will substantially reduce the risk of resumption of large-scale hostilities and will become a strong positive impetus for furthering the NKpeace process.

At present, there are threats to global security in the region, and potential hostilities against Iran may spur a new war in Nagorno-Karabakh, and on the contrary, the outbreak of hostilities in NKconflict zone may trigger an escalation of the tension around Iran.In this context, the task of de-escalating and reducing the risk of new large-scale hostilities in the NKconflict zone is becoming more relevant for the wide regionMiddle East-South Caucasus.

Dr. David Shahnazaryan,

Ambassador Extraordinary and Plenipotentiary, Ambassador of the President of Armenia on Special Missions and Special Representative of the President of Armenia 1992-1995, the Head of the National Security 1994-1995, former two-term deputy in the Armenian parliament from 1991-1995 and 1995-1999.

India’s Civilisational Identity and the World Order

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India’s Civilisational Identity and the World Order

 

Author: Zorawar Daulet Singh

As the neo-liberal world order declines, non-Western powers are uniquely equipped to manage the power transition and contestations over the basic tenets of the emerging system. India’s civilisational ethos of reconciling different ideas will be of immense value in navigating the uncertainty and turmoil at a critical juncture of world history.

Many in India bewail the decline of the so-called liberal world order. Yet, few ask whether India was even a part of that order or actually shared all the norms and values that underpinned it. As a consequence, much of the debate dwells on the assertion that, as a liberal democracy, India’s foreign policy and geopolitical choices must logically follow suit. In practice, this meant that India would share the burden of democracy promotion elsewhere in the world as well as join a camp of other democracies. Yet, that has not occurred as I have discussed previously (Singh 2018). But, for most, India’s choices are seen as pragmatic rather than as a result of a civilisational tradition.

Different from Liberal West

On the surface, India would seem like the ideal candidate for membership in a coalition of democracies. The Indian Constitution, along with a largely uninterrupted period of liberal democratic practice, has laid a normative framework that has been difficult to challenge by any serious political force. On human rights, freedom of speech, equality of opportunity, private property rights, political participation and peaceful transfer of power between competing parties or groups, and rule of law and access to justice, India is very much part of a liberal political tradition.

Yet, when India interacts with the world, other values and beliefs also come into play. This is because Indian thought is constituted by a variety of ideas, and being a liberal democracy is merely one of those identities. The Indian world view is a hybrid one, shaped by a combination of liberalism, a belief in a plural multi-civilisational world order, a unique colonial experience and postcolonial identity, an aspiration for regional leadership with a corresponding geopolitical identity, and Westphalian values of sovereignty and non-interference. Collectively, these have created a distinct world view and a prism through which India perceives and interacts with the world.

The Western tradition could not be more different. As American historian Eric McKittrick put it in the 1950s,

With nothing to push against it, [liberalism]1 thinks in absolutes; the occasional shadows which cross its path quickly lengthen into monsters; every enemy is painted in satanic terms, and it has no idea how it would behave if the enemy were either bigger or different. (Desch 2008: 10)

One study found that, between 1871 and 1965, “Liberal states waged 65 percent of non-major power wars (which almost always are against weaker states).” Another study found a similar pattern, with “Liberal states starting 100 percent of these wars of choice” (Desch 2008: 16). Extending this pattern to the last three decades would reveal a similar conclusion. There was, and still is, an ideological hubris and an ambition to change opposing systems in the Western mind. None of these facets are part of the Indian psyche and world view, and this makes superimposing concepts such as democracy promotion highly problematic in India’s case.

So, what makes India different? India’s social and political journey has been a process of competition, compromise, and adjustment between different ideas. The constitutional commitment to internal diversity and pluralism has shaped the outlook towards international politics too. Coexistence with ethnic, religious, and ideological diversity at home has often meant coexistence with alternative systems abroad. There is an innate illiberalism in American liberalism that does not prevail in Indian culture, which by historical tradition and experience is not so easily threatened or overwhelmed by rival “others.”

The introduction of civilisational values transforms this conversation. The biggest difference between India and the West is that the Western mind assigns little value to nationalism, culture, and civilisation. These are usually seen as anachronisms and obstacles in the path of homogenisation of political communities. Civilisation is seen as regressive and antithetical to the order and modernity that democracy and neo-liberalism are intended to bring. But, for India, it is a core value that enables rather than hinders its domestic order, social stability, and development.

 

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If we are going to address the puzzle of why India’s domestic system as a democracy does not impact its outlook and behaviour towards other states and the world order in general, we must also ask: What impact does India’s longer civilisational history and culture have on its foreign policy? This question needs to be addressed seriously. There might be a strong case to be made that India’s civilisational history allows for a more complex relationship and interplay with rival ideologies and moral frameworks. The prolonged ability to negotiate differences and handle ambiguities conditions Indian political and cultural thought as well as its international relations. It was on this basic foundation that other values and norms have been absorbed into Indian thinking; specifically, the Westphalian concept of sovereignty and India’s unique colonial experience that fostered and further strengthened nationalism and created a distinct geopolitical identity for India.

One key distinction between India and Western approaches is that the latter promote democracy by providing moral, diplomatic, and financial support to individuals and organisations that are openly resisting or challenging the political status quo in a state. India rarely enters into such interference that might defy the ruling regime and undermine the sovereignty of a state. India works with the legitimate government of the day to offer different types of assistance. India’s interventions are in concert with the recipient—to strengthen the recipient state and its people—while the Western approach is fundamentally one of changing the target state and its institutions in concert with a section of the polity. It is about creating or exploiting a divide between the state and the people.

This difference in approaches can only be explained by the absence of a historical determinism in Indian strategic and philosophical thought, which, unlike Western liberal or radical Marxist ideas, has never had a proselytising historical tradition nor an ideological vision of the world that insists on universality as a necessary prerequisite for a world order and geopolitical cooperation. It is no accident that India’s democracy has managed to survive in a region with diverse regimes and political systems. It is also instructive that India was among the first to embrace non-alignment and carve out its own path when confronted with rival ideologies, neither of which were entirely appealing to India’s identity, culture, and ethos. Prime Minister Narendra Modi’s multi-alignment is another version of that same philosophy, that India can find common ground and derive stable and mutually beneficial ties with a variety of different civilisational states and political systems.

Changing World Order

For the past decade, it is increasingly clear that the neo-liberal order, or at least the dominant variant of it that we had become familiar with, along with some of its institutions are losing their effectiveness to supply public goods and govern a more complex globalised system. The demands and range of interests of the global South and non-Western world will not only require major reforms of these institutions, but more likely the establishment of new institutions to fill the governance void. The process has already begun. It is also clear that India will be at the forefront of collaboration with other rising powers and some of the traditional great powers in experimenting with new regional institutions and norms to supply public goods and order around Asia.

Only when there is clarity about the type of world we would like to see emerge can we put forward ideas or concepts and practise them in our foreign policy. Do we seek a multipolar polycentric world order where different civilisational states are going to manage the international system in a less hierarchical way, which is another way of saying the democratising of international relations? This is the dominant voice of India. If the central strategic task is transitioning from a unipolar neo-liberal world order for the privileged few to a multipolar interdependent world order with many civilisational states as members of such an open and inclusive international community, then we need a reformed vision to accommodate the diversity and pre-empt the chaos that could ensue from the power transition that is already under way. And, there is no automatic correlation between regime types and this reformed world order.

This is not an abstract insight. All we have to do is look at India’s foreign policy during the phase when its identity as a democracy was at its peak: the post-2000 era. This is the period of deep engagement with the United States and its allies. And yet, when it came to ideas on world order, international security, global governance, reforming the Bretton Woods institutions, etc, India formed partnerships with a variety of rising or re-emerging powers and civilisations, often with different political systems that were unsatisfied with the prevailing order and the position of these states within that order. Over the past decade, this trend has become even stronger: BRICS (Brazil, Russia, India, China and South Africa), Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB), and Shanghai Cooperation Organisation (SCO) are all manifestations of this. These international and regional networks or institutions have been established not because its members are ordered in identical ways internally, but because many of these states had similar ideas of world order, and it made sense to collaborate in transitioning the world towards those images.

The good news is that the basic framework of a liberal international order (as distinct from the ascendance and decline of neo-liberal ideology over the past few decades) is already extensive in its ability to assimilate diverse rising powers with different political systems. The challenge is renewing that basic structure of an open and rule-based system, while making the necessary adjustments to expand the institutional and normative capacity to accommodate a larger swathe of the non-Western world. As Ikenberry (2011: 65) correctly points out, “The world is not rejecting openness and markets; it is asking for a more expansive notion of stability and economic security.” It is neo-liberalism as a global ordering concept that has unravelled and been discredited in the past decade, not just because it failed to address the problem of growth and sustainable development, but also because it sought to negate the self-images of several resurging non-Western civilisations. But, an open global economic order with rules to guide interdependence is still very much a worldwide demand.

The alternatives to an open world order—spheres of influence, closed regional blocs, neocolonial mercantilist networks, or, in essence, a fragmented order—are not appealing to rising powers because they seek wider regional and global access. Having benefited from global interdependence, they want that basic normative framework of an open system to survive. Indeed, one of the deep ironies of contemporary international relations is that rising powers, such as India, China and others, have today become the vanguards or champions for a reformed rule-based economic order that can enable their domestic transformations to continue, while the established liberal great powers have become revisionist and conservative in their orientation.

indiappppppp.pngFinally, a word of caution: India has to be extremely careful about uncritically lapping up the “democracy promotion” discourse, which is often aimed at polarising Asia and the world, and denying many states the flexibility of pursuing more complex foreign policies and balance of power strategies (Singh 2018). In the 1950s, Jawaharlal Nehru went to the extent of instructing his diplomats to avoid phrases such as the “free world,” “iron curtain,” or any politically-charged binary that could let it appear that India was parroting Western Cold War rhetoric that potentially positioned it at a disadvantage vis-à-vis other major powers. Modi’s June 2018 speech at the Shangri- La Dialogue in Singapore echoed this approach (MEA 2018). Rejecting the idea that India has a singular identity that then must automatically place it in one coalition or bloc, the Prime Minister spoke of a multitude of groups and partners where the common link was not democracy or shared domestic political systems, but converging material interests or shared ideas and norms of the world order or overlapping concepts of security.

Again, what allows for such multi-directional interactions and plurality in India’s foreign policy is a civilisational conception of the world order as an open and inclusive community of states. Such a philosophy is anathema for liberal absolutism and its drive for universality, which shapes much of the tragedy of Western geopolitics.

Source: https://www.vision-gt.eu

Brexit. Finissons-en !

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Brexit. Finissons-en !

par Michel Carlier
Ex: http://www.ieri.be

Le pénible feuilleton du Brexit commence à devenir lassant. Plus personne n’y comprend rien ! Et pour cause. Le désamour entre le continent et le Royaume-Uni ne date pas d’hier. C’est une longue histoire qui remonte à près d’un demi-siècle, époque de De Gaulle à Paris et de MacMillan à Londres. Je ne reviendrai pas là-dessus. En 1973, le Royaume-Uni, le Danemark et l’Irlande entrent dans le Marché commun européen où ils rejoignent les Six États fondateurs, les trois du Benelux, la République fédérale d’Allemagne, la France et l’Italie signataires du traité de Rome du 25 mars 1957. Deux ans plus tard, je suis à Madrid, en ma qualité de diplomate belge. L’ambassadeur d’Irlande en Espagne que je connaissais bien me dit un jour : « Les Six ont commis une lourde erreur en laissant entrer les Britanniques dans le marché commun. Vous verrez, ils sont entrés non par pour construire l’Europe, mais pour la détruire ». J’étais stupéfait de ce propos que je jugeais excessif. À l’époque, il est vrai, les continentaux - en particulier ceux du Benelux - vivaient dans l’euphorie de l’entrée de trois États dans la communauté économique européenne (CEE). Un premier élargissement qui démontrait que ce qui avait été créé par le traité de Rome était devenu une réalité attractive à laquelle les peuples - y compris celui des îles britanniques jaloux de son identité et fier d’avoir bâti un empire mondial - adhéraient spontanément. C’était le temps de l’enthousiasme et des grandes envolées lyriques. Mais l’enchantement ou l’illusion n’ont guère duré. Ce furent les années Thatcher avec le fameux « I want my money back » et celles qui suivirent avec les vetos britanniques aux candidats belges (Dehaene en 1994 et Verhofstadt en 2004) au poste de président de la commission européenne. Le premier se présentait à la succession de Jacques Delors et fut écarté à Corfou par le veto britannique de John Major et le second à celle de Romano Prodi. Cette fois, Verhofstadt se heurta au veto du premier ministre britannique Tony Blair.

Tout au long des décennies que nous venons de vivre avec les Britanniques dans notre communauté économique européenne devenue Union européenne (UE) en 1993, les gouvernements de Londres ont tous pratiqué la politique de l’ubiquité : un pied dedans et l’autre dehors. Ceci, après avoir signé tous les traités. Dont ceux de Maastricht (7/2/1992) et de Lisbonne (13/12/2007). Mais, de toute évidence, dans les îles, le cœur n’y était pas. Au chœur des continentaux qui chantait les louanges du fédéralisme européen, les dirigeants britanniques - tous partis confondus - répondaient en brandissant les vertus de la souveraineté territoriale et financière et en dénonçant la perversion, évidente à leurs yeux, des Continentaux qui leur faisaient face et ne cédaient pas à la tentation du grand large. En 2003, ce divorce évident éclata au grand jour lors de l’invasion de l’Irak décidée par G.W Bush et Tony Blair, contre l’avis d’États membres comme la France, l’Allemagne ou la Belgique. Et puis, comme d’habitude, on a remis un semblant d’ordre à force de compromis boiteux, jusqu’à ce que le référendum du 23 juin 2016 livre son verdict inattendu : 51,9 % des électeurs en faveur d’un retrait du Royaume-Uni de l’UE. Ce n’était que la suite logique de tant d’années de présence-absence au sein d’une Union poursuivant des objectifs diamétralement opposés à ceux que l’on souhaitait à Westminster et au 10 Downing street. Depuis ce coup de tonnerre de juin 2016, on assiste à une pièce sans fin et sans but. Les députés des Communes offrent au monde un piteux spectacle et imposent aux Continentaux des choix impossibles. Alors, que peut-il se passer ? Ou bien, il n’y aura pas de Brexit. Chose qui me paraît probable vu l’incroyable imbroglio qui prévaut outre-manche, avec un parlement qui accumule les votes contradictoires et un gouvernement sans majorité. En fait, l’opacité dans laquelle on s’enfonce s’épaissit à vue d’œil. À tous égards, y compris sur la question de l’immigration que trop de gens préfèrent ne pas aborder, à tort. Sur le continent, on préfère ne pas se prononcer. Sauf pour affirmer que l’accord May-Barnier n’est pas négociable. Et pourtant, il faudra bien négocier avant la date du Brexit encore fixée au 31 octobre 2019.

Enfin, je crois que, dans l’intérêt de tous, il est plus que temps d’en finir avec cette affaire qui, depuis trois ans et demi, accapare les énergies et paralyse l’UE qui se trouve bloquée et incapable d’initiatives et de progrès. J’ajoute qu’il faut être attentif à un fait que beaucoup semblent vouloir ignorer. Dans l’hypothèse plausible d’un non Brexit, Londres ne se bornera pas à reprendre sa place autour de la table comme si rien ne s’était passé depuis le référendum de 2016. Les continentaux partisans du maintien du R-U doivent savoir que les gouvernants britanniques n’hésiteront pas à imposer leur vision sur l’avenir de l’Union. Et, ce projet sera à l’opposé de celui défendu par les Fédéralistes. Londres posera ses conditions. Parmi elles : le maintien des dérogations déjà accordées et l’assurance de l’abandon de tout projet institutionnel visant à accroître les compétences de la Commission et du parlement. Dans cette hypothèse, un coup d’arrêt définitif sera porté au grand rêve des Européens convaincus. Ce sera l’adieu à l’Europe puissance. En clair, les Fédéralistes européens n’ont guère le choix. S’ils persistent dans leur grand projet de construction européenne, ils ne peuvent plus se laisser freiner par ceux qui ne veulent pas de cette Europe unie et indépendante. À quelques semaines de la date fixée, il serait utile que nos dirigeants aient cela à l’esprit lors de leurs discutions avec Johnson et ses ministres. Et, puisque ceux-ci brandissent la menace d’une sortie sans accord, qui entraînerait - selon les Cassandre de service - un cataclysme épouvantable, il serait opportun, je crois, de ne pas s’en tenir à la posture du déni de négocier. L’avenir de l’UE est une affaire tellement sérieuse que ce serait criminel de le sacrifier sur l’autel du maintien en son sein et à tout prix d’un État qui ne partage pas, ou si peu, l’idée même de construction européenne.

S.E.M. Michel Carlier

Ambassadeur honoraire de S.M. le Roi des Belges

19 septembre 2019

NB. Le 24 septembre 2019, la Cour suprême du Royaume-Uni déclarait illégale la décision du gouvernement de Johnson de fermer durant 5 semaines le parlement de Westminster. Nouveau camouflet pour le Premier ministre dont les oppositions réclament aussitôt la démission. Réuni à nouveau dès le 25 septembre, le parlement persiste dans la cacophonie. Johnson résiste et met au défi ses adversaires de déposer une motion de censure. En outre, il renouvelle sa proposition d’organiser rapidement des élections anticipées.

lundi, 14 octobre 2019

Sur la géopolitique de l’incursion turque en Syrie

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Sur la géopolitique de l’incursion turque en Syrie

Auteur : Salman Rafi Sheikh

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En dépit du fait que la Turquie a récemment défié les États-Unis avec son achat du système de missiles russes S-400, le président US a finalement cédé à la demande de longue date de son partenaire de l’OTAN d’envahir le nord du pays et d’éliminer les milices kurdes. Il s’agit là d’une décision cruciale puisque les milices kurdes ont été les principaux alliés terrestres des États-Unis dans la guerre contre l’État Islamique en Syrie. Avec l’abandon par les États-Unis de leur seul allié terrestre en Syrie, un changement de politique est en cours, un changement qui pourrait finalement profiter à la Syrie. Même si nous y reviendrons plus tard, ce dont il convient de discuter ici, c’est du facteur qui a conduit les États-Unis à changer leur position d’antan vis-à-vis des Kurdes.

Le monde devient de plus en plus multipolaire, et le fait que la Turquie soit un « Empire du Milieu » entre deux pôles a tiré le meilleur parti de sa position géostratégique dans l’ordre mondial émergent. Comme Erdogan l’a dit dans son récent discours à l’ONU, « le monde est plus grand que cinq ». Il faisait référence aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité : Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et État-Unis. Peut-être veut-il que son pays soit inclus comme sixième, ou que le monde a déjà trop changé pour que ces pays puissent se débrouiller seuls sans se soucier des intérêts des autres puissances.

Comme l’ont indiqué de nombreux reportages dans les grands médias occidentaux, la Turquie, malgré ses liens stratégiques très explicites avec la Russie, reste importante pour les États-Unis. Le fait que les États-Unis, bien qu’ils soient si profondément habitués à diriger le monde unilatéralement, aient dû changer leur position reflète la politique étrangère et les ajustements stratégiques nécessaires que même les États-Unis doivent faire dans ce monde de plus en plus multipolaire où un pays, relativement plus petit que les États-Unis et situé à l’intersection de l’Asie et de l’Europe, peut forcer un pays beaucoup plus grand et puissant à donner la priorité aux intérêts des petits pays.

Deux choses, en tant que telles, se distinguent. Premièrement, la Turquie n’est plus un partenaire étasunien souple et volontaire et/ou un ardent partisan du programme mort pendant la guerre froide d’endiguement de l’Union Soviétique, ou Russie et Chine de l’époque contemporaine, même si elle continue de fournir la base aérienne d’Incirlik, un aéroport militaire au sud-est de la Turquie, qui accueille cinquante armes nucléaires tactiques visant principalement à renforcer ce que les experts OTAN appellent une « garantie étendue » de leur organisation contre une invasion russe en Europe.

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La base aérienne d’Incirlik

Deuxièmement, les États-Unis, en raison de la forte présence de la Russie dans la région, ne sont plus un hégémon extérieur retranché dans la région, pratiquement plus en mesure d’imposer leurs politiques à leurs partenaires. Cela signifie que la Turquie est en bien meilleure position qu’il y a quelques années pour défendre ses intérêts de manière beaucoup plus indépendante. C’est peut-être la raison pour laquelle la Russie, tout en sachant que le territoire turc peut être utilisé contre la Russie dans tout conflit futur avec l’OTAN, développe toujours ses relations d’une manière jamais connue auparavant par les deux pays.

C’est quelque chose que les États-Unis ne peuvent pas contrôler. Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est ajuster leur position pour protéger leurs intérêts à long terme. Leur décision de se tenir à l’écart de l’incursion turque à venir reflète cet ajustement.

D’autre part, la Russie et la Syrie sont également très présentes dans l’équation. Si la Syrie et la Russie peuvent s’opposer à une présence militaire à grande échelle de la Turquie en Syrie – et toutes deux réitéreront que cette présence n’est pas invitée et n’a aucun fondement légal -, cette objection ne deviendra pas une opposition pratique, car une incursion turque et le silence des États-Unis qui a suivi, ainsi que leur abandon des Kurdes pourraient rapprocher ces derniers de la Syrie et de la Russie.

Les responsables russes ont récemment parlé des « positions maximalistes » que les Kurdes ont adoptées dans leurs relations avec le gouvernement syrien. Par conséquent, une fois acculés par les Turcs et abandonnés par les États-Unis, ils pourraient se tourner vers le gouvernement syrien pour un arrangement. Cela donnera bien sûr à la Syrie et à la Russie l’occasion de réunifier l’ensemble de la Syrie, un objectif ultime auquel même la Turquie s’est montrée sensible.

Une récente déclaration du ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavu?o?lu, a indiqué qu’Ankara avait « soutenu l’intégrité territoriale de la Syrie depuis le début de la crise et continuera de le faire » et qu’en éliminant toutes les « forces terroristes » de cette région, la Turquie ne ferait que « contribuer à apporter sécurité, paix et stabilité à la Syrie ».

En outre, étant donné que la Russie envisage d’étendre sa coopération avec la Turquie au-delà de la Syrie, Moscou ne s’opposera pas à l’incursion turque et laissera Ankara lui échapper des mains. Dans le même temps, Moscou voudrait s’assurer qu’il n’y ait pas de combats à grande échelle, ce qui permettrait à des groupes comme l’État Islamique et Al-Qaïda de refaire surface et d’annuler les progrès que la Russie et la Syrie ont réalisés depuis deux ans ou deux ans.

Moscou fera donc son propre ajustement et préférera jouer un rôle de médiateur entre les Kurdes et les Turcs, et les Kurdes et Damas afin de consolider le contrôle syrien sur tous ses territoires.

Dans ces conditions, il est possible qu’un règlement émerge de la tempête que la Turquie s’apprête à déclencher. La médiation de Moscou pourrait être acceptable pour toutes les parties. Ankara, bien sûr, voudrait que Damas et Moscou garantissent aux Kurdes qu’ils sont confinés dans leurs zones traditionnelles et qu’ils ne s’engagent pas dans des activités militantes contre Ankara, ni n’incitent au séparatisme parmi les Kurdes vivant en Turquie.

Traduction Réseau International